Même si à peine élu, Cambadélis, le nouveau secrétaire du PS, a fait semblant de remettre cent balles dans la machine, il ne devrait pas y avoir de primaire pour désigner le candidat socialiste en 2017, puisqu’il y en a un naturel...
Et si officiellement « le président n’est pas en campagne », Hollande ne pense qu’à ça. Depuis quelques semaines déjà, les signes sont flagrants : discours de défense de son bilan à Carcassonne, cérémonie de panthéonisation, déplacements de plus en plus nombreux aux quatre coins de l’hexagone... Et cerise sur le gâteau, le thème de la jeunesse redevient une de ses principales préoccupations, comme cela fut le cas pendant sa campagne de 2012. Préoccupation aussitôt enterrée une fois élu, cela va sans dire.
Recherche majorité désespérémentAlors à y regarder de près, on peut se dire que Hollande commence tôt, très tôt, trop tôt ? Au vu de la politique menée depuis trois ans au service du patronat, le désaveu populaire est si grand que le temps lui est compté pour reconstruire une popularité. Mais cette candidature qui n’en est pas encore une risque de se briser sur les chiffres du chômage qui ne cessent d’augmenter... puisque la baisse du chômage est la condition à laquelle Hollande a lui-même subordonné sa candidature. Mais selon son staff, pas d’inquiétude, cette baisse devrait intervenir début de 2016… Tout va donc pour le mieux.Outre la reconstruction d’une légitimité, Hollande se veut être celui qui rassemble et organise la « gauche » autour de lui. Être le candidat du rassemblement et de l’unité comme l’avait fait Mitterrand en 1988, pour avoir des chances d’être qualifié au second tour. C’est dans cette optique que depuis quelques semaines, rencontre après rencontre, il est au petit soin avec sa pseudo-opposition, les « Frondeurs ». Et c’est aussi pour cela qu’a été réactivé par sa garde rapprochée (Le Foll, Rebsamen et Sapin) le courant « Répondre à gauche » qui l’avait soutenu pour la primaire de 2011..Hollande et ses amis font également de l’œil à Europe Écologie-les Verts, agitant de nouveau la carotte du remaniement qui surviendra soit cet été soit après la cinquième claque électorale des régionales. Valls a prévenu : « Ceux qui veulent venir au gouvernement, c’est pour préparer 2017. » La stratégie est donc claire pour essayer d’éviter une trop grande multitude de candidatures à « gauche », en particulier celle d’EÉLV. Ces derniers seront-ils tentés par les strapontins ? Affaire à suivre.
Un parti en ordre de marche ?Sans aucun doute le congrès du PS qui va se dérouler cette fin de semaine n’a qu’un seul enjeu : faire taire les contestations internes pour dérouler sans accrocs la candidature de Hollande, comme l’indique dans sa profession de foi Cambadélis : « Il s’agira enfin de donner au président tous les moyens afin qu’il puisse pleinement incarner la République et la nation. » Mais c’est pas gagné, puisque certains proches des « Frondeurs » comme l’ex-ministre Aurélie Filipetti ne voit pas « en quoi être sortant donne l’autorisation de se représenter. Ce n’est pas avec un président sortant en mauvaise posture que l’on peut l’emporter ».Conscient du problème, Cambadélis a donc révélé sa grande ambition : « renouveler » le Parti socialiste, « élargir (sa) base militante, moderniser (ses) pratiques » mais également rassembler, en commençant par leur université d’été de La Rochelle en août prochain en proposant à ses « partenaires de la co-organiser. Cela s’adressera aux écologistes, aux radicaux, au MRC et aux communistes ». Face à cette proposition, EÉLV a fait une réponse mi-figue mi-raisin, indiquant que ce n’était « pas opportun » de co-organiser l’université d’été du PS... mais qu’ils étaient prêts à « participer aux travaux de cette université et (à) s’investir dans tous les espaces de dialogue qui visent à porter un projet politique progressiste pour la France et l’Europe ». Bref, ne pas paraître comme trop liés au PS sans jamais être dans une opposition frontale.Le candidat et l’orientation sont donc d'ores et déjà actés avec plus ou moins de grincements de dents, de contorsions et d’inflexions... et de nombreuses promesses. Dans tous les cas, PS comme gouvernement sont bien éloignés des préoccupations du monde du travail.
Sandra Demarcq