Publié le Mercredi 24 février 2021 à 07h20.

«Islamo-gauchisme»: quand le pouvoir chasse à l’extrême droite

Difficile d’échapper, dans les médias, à la « polémique » suscitée par les propos de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, plus occupée à insulter la communauté universitaire et les musulmanEs qu’à se préoccuper de la situation dramatique que vivent les étudiantEs et les personnels du supérieur. Dénonçant des universités qui seraient gangrenées par le spectre de « l’islamo-gauchisme », elle a ainsi annoncé l’ouverture d’une « enquête » confiée au Conseil national de la recherche scientifique (CNRS)...

Ce terme creux et flou, sans aucune réalité scientifique, prend ses origines dans le vocabulaire de l’extrême droite et renvoie au sinistre spectre du « judéo-bolchévisme », synthèse de l’antisémitisme et de l’anticommunisme qui s’était diffusée partout en Europe au début du siècle dernier, particulièrement du côté de l’Allemagne nazie...

Cette nouvelle offensive raciste intervient dans un contexte global islamophobe très agressif entretenu par ce pouvoir. Ainsi, la présentation et le vote de la loi contre le « séparatisme » à l’Assemblée nationale ont été le prétexte à toutes les lubies et déclarations racistes d’une majorité au coude-à-coude avec la droite, l’extrême droite et, malheureusement, une large partie de la gauche. Et en dernier lieu, c’est bien le Rassemblement national qui tire profit de ces surenchères. Ce n’est pas la première fois que ce gouvernement entend faire barrage à l’extrême droite en lui empruntant ses thèses, à l’image du lamentable « débat » télévisé entre Darmanin et Le Pen il y a deux semaines au cours duquel le ministre de l’Intérieur s’est même vanté d’être plus dur que l’extrême droite...

Les personnels de l’enseignement supérieur ont bien raison : « Vidal démission ! » Sa politique est à l’image de tout ce gouvernement, avec ses mesures racistes, liberticides et autoritaires qui filent le train et nourrissent la progression de l’extrême droite et de ses idées. Personnels de l’éducation, organisations syndicales et politiques, associations antiracistes, collectifs musulmans… la riposte est à construire de toute urgence, pour combattre l’islamophobie d’où qu’elle vienne, des sommets de l’État ou de l’extrême droite la plus rance…