Alors que Jean-Luc Mélenchon se voit déjà en Premier ministre de cohabitation et assure « les gens » que « La France insoumise » peut remporter la majorité des sièges à l’Assemblée, les négociations font rage entre les diverses composantes à la gauche du PS...
La semaine dernière a été marquée par de nombreux rebondissements dans la guerre de tranchées que se mènent la direction du Parti communiste et l’entourage de Mélenchon depuis plusieurs mois. Mardi 2 mai, nouvel échec des négociations. Le PCF avait proposé des retraits réciproques dans 30 circonscriptions jugées « gagnables », 15 réservées au PCF, 15 à La France insoumise, tout en plaidant « pour une grande alliance nationale incluant tous les mouvements antilibéraux ». Mais le PCF refusait toujours de signer comme le réclame la formation mélenchoniste une « charte » dans laquelle il s’engagerait à présenter ses candidats sous le logo « La France insoumise », à respecter une discipline de vote à l’Assemblée, et à dépendre de l’association de financement de La France insoumise. Une vassalisation financière jugée inacceptable par l’appareil du PCF.
Jeudi 4 mai, gros coup de pression de La France insoumise avec la menace de poursuites judiciaires contre les candidats communistes qui utilisent l’image de Mélenchon... sans son aval : « Le PCF cherche à semer la confusion chez les électeurs qui ont voté pour le candidat de La France insoumise en faisant croire que les candidats du PCF aux législatives ont le soutien de Jean-Luc Mélenchon. Il n’en est rien. Les seuls candidats qui ont ce soutien sont ceux validés par La France insoumise ». Le communiqué de presse exigeait ensuite « l’arrêt immédiat de l’utilisation de la photo de Jean-Luc Mélenchon ainsi que de tous les éléments graphiques appartenant à La France insoumise sur les matériels de campagne ». Des candidatEs communistes ont aussitôt réagi par l’humour (il en faut !) : « Quitte à prendre un procès, je préfère que ce soit par Beyoncé », a ainsi déclaré Elsa Martin, candidate en Seine-et-Marne en mettant en ligne une affiche détournée la représentant soutenue par la chanteuse américaine...
Faites vos jeux, rien ne va plus...
La direction du PCF juge l’attitude de Mélenchon bien arrogante voire humiliante... Mais tout comme par le passé elle a pu considérer de manière identique l’attitude des dirigeants socialistes... pour toujours finir par accepter leurs conditions. Il lui sera difficile de passer totalement outre les rapports de forces électoraux. L’enjeu est au moins pour lui de sauvegarder un groupe à l’Assemblée nationale. C’est pour cela qu’un accord pourrait encore aboutir, à minima, sur une absence de candidatures concurrentes sur une cinquantaine de circonscriptions (dont celles de ses députés sortants pour le PCF).
Quant à La France insoumise, elle pourrait ainsi s’assurer « la gagne » sur une vingtaine de circonscriptions où les scores de Mélenchon ont été très élevés le 23 avril. On est loin de la « grande alliance antilibérale »...
Et ce n’est pas non plus avec EÉLV que La France insoumise va conclure la moindre alliance : « La France insoumise, ça n’est pas une entreprise à recycler. On est pour le recyclage du point de vue écologique, mais pas pour le recyclage en politique », a prévenu un de ses porte-parole, Alexis Corbière, en apprenant que Yannick Jadot, après avoir renoncé à se présenter à la présidentielle pour faire alliance avec Hamon... voulait signer un accord de désistement avec le parti de Mélenchon.
Vraiment, l’unité à la gauche du Parti socialiste pourtant bien mal en point n’est visiblement pas pour demain...
Marie-Hélène Duverger