Publié le Vendredi 11 juillet 2014 à 10h57.

La gauche du PS à l’épreuve des votes

Depuis plus de deux mois, on assisterait à une véritable opposition au sein de la majorité à travers « l’appel des 100 ». La rupture au sein du PS serait même pour certains à portée de main et une nouvelle « majorité alternative » serait à l’ordre du jour... Mais à l’épreuve des votes, les frondeurs font pschitt !

C’est vrai que c’était du jamais vu : il y a quelques semaines, 41 députés de la majorité avaient osé s’abstenir sur le programme de stabilité et 3 avaient voté contre. Et, depuis, les « frondeurs » n’ont eu de cesse de dénoncer urbi et orbi les choix économiques trop pro-entreprises du gouvernement, demandant sur tous les tons un « meilleur équilibrage ».Tout cela a même fait paniquer le gouvernement, plus très sûr d’obtenir une majorité sur le vote crucial du collectif budgétaire. Malgré une cure d’intense câlinothérapie et de dialogue, agrémentée de quelques carottes fiscales et de méthode musclée – mais aussi deux échecs électoraux –, les soi-disant « frondeurs » continuent à essayer de se faire entendre, notamment dans les médias.

Dur dur de s’opposerMais quand ils passent aux actes, les « frondeurs » font beaucoup moins de bruit. En effet, ces dernières jours, deux votes importants n’ont semble-t-il pas été considérés comme posant problème avec le gouvernement : d’une part celui sur la réforme ferroviaire et plus récemment celui sur le projet de loi de finances rectificative. Ainsi, au moment même où était menée une grève des cheminotEs de presque dix jours contre cette réforme, où le gouvernement s’acharna contre les grévistes, la majorité socialiste a retrouvé sa belle unité et a voté très majoritairement pour. Quelques jours plus tard, l’Assemblée nationale a adopté la loi de finances rectificative pour 2014 qui met en place la première partie du Pacte de responsabilité. Et encore une fois les « frondeurs », alors qu’ils avaient pendant plusieurs jours vivement critiqué les cadeaux fiscaux aux entreprises, ont apporté leur soutien au gouvernement « parce qu’il comporte des baisses d’impôt pour quatre millions de familles », s’est justifié Christian Paul.Mais, pour faire passer la pilule, ils ont aussitôt annoncé qu’ils ne voteraient pas « en l’état » le mardi 8 juillet, le projet de loi de finances rectificative de la Sécurité sociale (PLFSSR)… ce qu’ils avaient également dit pour la loi de finances rectificative ! Finalement, la majorité des « frondeurs » se sont tout de même abstenus, aucun n'a voté contre... et la majorité parlementaire est donc « sauvée » !La crise politique et sociale mérite une réponse à la hauteur des enjeux, mais cela ne peut être une simple « recomposition » parlementaire, une « nouvelle majorité alternative » rose-rouge-vert avec celles et ceux qui ne soutiennent pas les luttes et leurs revendications, qui ne s’opposent en rien à ce gouvernement, qui se montrent incapables de voter contre l’austérité et les cadeaux au Medef.Tout comme EÉLV, la prétendue gauche du PS, vaste nébuleuse de courants et sous-courants, se situe bel et bien dans la majorité actuelle. Leurs mots, haut perchés, n’effacent pas leurs actes !

Sandra Demarcq