Publié le Mercredi 9 décembre 2015 à 11h09.

À la gauche du PS : Sauve qui peut… les postes !

Alors que toute la « gauche de la gauche » analyse qu’elle a été emportée dans la déchéance électorale du PS, d’EÉLV jusqu’à Ensemble, elle se plie en quatre... pour obtenir un accord de deuxième tour avec celui-ci. Désolant.

Exception à cette volonté, Lutte ouvrière obtient malheureusement des résultats faibles avec 1,5 %, 320 000 voix. Ses listes, soutenues par le NPA, ont réalisé une campagne pour défendre les droits des travailleurs et contre l’état d’urgence 1. Le score est légèrement supérieur à celui des régionales 2010 (206 229 voix, soit 1,09 %), mais il faut dire que cette année-là, le NPA s’était présenté et avait obtenu 460 000 voix (3,40 % au total pour l’extrême gauche). Les chiffres sont légèrement plus élevés dans certains coins populaires, comme en Seine-Saint-Denis (2,14 %), dans le Pas-de-Calais (1,95 %), en Seine-Maritime (1,96 %), à Bezons (2,92 %), Saint-Étienne-du-Rouvray (3,41 %), sans que cela change fondamentalement le bilan.

Une cacophonie...

Le Front de gauche et EÉLV n’ont pas plus résisté au déplacement à droite qui s’opère dans ces élections. Avant le premier tour, EÉLV et les organisations du FdG avaient tout fait pour ne pas être associées au bilan catastrophique du gouvernement. Cela a provoqué une débandade généralisée, avec des accords à géométrie variable.EÉLV se présentait seule dans 9 régions, et a obtenu entre 3,9 et 8 %. Le FdG s’est présenté dans 7 régions et obtenu de 3 à 6,63 %. EÉLV et le FdG se sont présentés ensemble dans deux régions et ont obtenu 10,26 % (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées) et 6,54 % (PACA). Le FdG n’obtient pas les 5 %, synonyme de remboursement des frais de campagne et de possibilité de fusion au second tour, dans 6 régions, EÉLV dans deux. Le PCF avait déjà perdu la moitié de ses élus régionaux, passant de 185 à 95 en 2010, et va sans doute en perdre encore beaucoup.Mais, surtout, c’est une impression de cacophonie qui domine. EÉLV et le FdG prétendent incarner une alternative au PS, mais sont incapables de s’entendre pour la construire, dominés par les discussions sur leurs relations institutionnelles avec le parti au gouvernement.

« Un désastre »...

Au final, EÉLV et le Front de gauche fusionneront avec le PS dans 7 régions. Après avoir indiqué que le gouvernement PS menait une politique contraire à leurs principes, ils se sont empressés de négocier. Pour EÉLV, Emmanuelle Cosse se félicite d’un « travail de négociation […] où chacun a respecté les autres », « une bataille simple : gagner pour une région qui s’occupera de ses habitants, de leur santé, de leur logement, des emplois dans les filières vertes ». Tout le monde se félicite d’un accord programmatique avec le PS… qui ressemble surtout à un sauvetage des postes de conseillers régionaux avec le parti au pouvoir.La palme de l’hypocrisie revient sans doute hélas à la direction d’Ensemble, qui faisait de l’indépendance vis-à-vis du PS son cheval de bataille, se félicitant du travail des « forces de gauche qui s’opposent à la politique de François Hollande et Manuel Valls » en PACA et LRMP... mais qui obtient pour Clémentine Autain la deuxième place sur la liste du 93 pour ce second tour. La même qui dénonce « un désastre qu’il faut d’abord imputer à la politique gouvernementale ». Un prix spécial pourra être aussi décerné pour la présence de Myriam Martin, deuxième porte-parole d'Ensemble, militante en Haute-Garonne, qui prend place en 9e place sur la liste de l'Hérault deux places avant… la présidente du Medef Marie-Thérèse Mercier.Le désastre, c’est l’orientation qui consiste à s’éloigner, année après année, du combat pour l’indépendance de classe des travailleurs, pour ne voir comme solution à la crise politique que l’illusoire sauvegarde d’intérêts d’appareil.

Antoine Larrache

  • 1. Nathalie Arthaud sur LCP : https ://lc.cx/4UiE