Publié le Mardi 6 octobre 2015 à 09h47.

La novlangue sous Hollande

« Tout se perdait dans le brouillard. Le passé était raturé, la rature oubliée et le mensonge devenait vérité », a écrit George Orwell dans son roman 1984 où, jour après jour, les dominants s’acharnent à détruire le passé, à faire du mensonge la vérité et à transformer le langage en une « novlangue » destinée à rendre impossible l’expression des idées potentiellement subversives.

« Le libéralisme est une valeur de gauche » a déclaré Emmanuel Macron dimanche 27 septembre devant un colloque organisé par le Monde. Et tout le gratin invité de s’esbaudir devant ce ministre qui énonce sa volonté de « rénover la pensée profonde de la gauche ». Le capitalisme avait déjà forgé sa propre langue pour dissimuler la réalité : « archaïsmes » pour acquis sociaux, « plan de sauvegarde de l’emploi » pour licenciements, « partenaires sociaux » pour patronat et syndicats, « réforme » pour reculs sociaux, etc. Toutes expressions reprises avec zèle par la gauche gouvernante. Avec Macron, on va plus loin : il s’agit d’intégrer que le noir est blanc.

Une expression héritée du 19e siècle assimilait pourtant le libéralisme au « renard libre dans le poulailler libre » : le renard libre de dévorer les poules qui volettent dans le poulailler, mais ne peuvent en sortir. Il était aussi largement admis à gauche (y compris parmi les plus réformistes des réformistes) que le libre jeu du marché ne conduisait pas à la situation la meilleure pour tous, notamment pour « ceux d’en bas ». La liberté laissée à la finance avait même été dénoncée par beaucoup au moment de la crise financière de 2008.

Vieilleries que tout cela pour Macron qui déclare dans le même entretien qu’il a été « très heureux dans le métier de banquier. » CQFD...