Publié le Mercredi 23 octobre 2019 à 19h43.

La police déteste (presque) tout le monde

Le mardi 15 octobre, 10 000 pompierEs manifestaient dans les rues de Paris pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Ils et elles ont dû faire face à une répression particulièrement violente de la part des forces de police et de gendarmerie : confirmation que le pouvoir ne tolère aucune contestation sociale et a fait le choix de frapper systématiquement celles et ceux qui contestent sa politique.

Les images des violences contre les pompierEs ont beaucoup circulé, dès le soir de la manifestation, sur les réseaux sociaux. On a pu y voir des manifestantEs nassés et violentés par les flics, des blessures causées par des tirs de LBD, des gazages à bout portant, ainsi que des pompiers en colère exprimant leur incompréhension, voire leur rage, face à un tel déchaînement de violence. 

« C’était la panique totale »

Un pompier professionnel de Dijon a été blessé à l’œil et, à l’heure actuelle, ne sait pas s’il pourra recouvrer la vision. Des témoins de la scène, cités par Libération, racontent : « La manifestation se déroulait dans le calme. Il était environ 17 h 30 et nous étions sur la place de la Nation. Nous attendions les bus pour rentrer à Dijon, tout le monde était fatigué. Et puis d’un coup, ça s’est excité devant. On a subi un flot de grenades lacrymogènes. Mon collègue était à côté de moi, il a levé la tête et il a pris un éclat de grenade sur le casque. Il est tombé à terre tout de suite, on l’a soutenu et on a appelé les collègues pompiers de Paris. C’était la panique totale. Après, les collègues se sont un peu énervés. Mais à la base, on ne faisait rien, on attendait pour repartir. Aujourd’hui, nous en voulons aux personnes qui ont donné l’ordre de faire ça. »

Un témoignage qui ressemble à s’y méprendre à tous ceux des victimes de la répression au cours des derniers mois, des Gilets jaunes aux lycéenEs en passant par les hospitalierEs, les syndicalistes, les jeunes des quartiers populaires, etc. Un témoignage qui confirme que le le pouvoir a définitivement fait le choix de la violence brute face à toute forme de contestation sociale, même face à une profession aussi populaire que les pompiers.

Cours autoritaire

« Les violences dont sont victimes nos sapeurs-pompiers sont inqualifiables. Et je n’accepterai jamais qu’elles soient banalisées ou passées sous silence » : ces déclarations de Castaner, en juin dernier lors de la journée nationale des sapeurs-pompiers, lui sont revenues en plein visage, comme un boomerang, suite aux violences perpétrées par les policiers et les gendarmes le 15 octobre. Car loin d’avoir calmé la colère des pompiers, elles ont contribué à la renforcer : face à l’absence de réponse – autre que la répression – à leurs revendications, les organisations de pompiers ont déposé un nouveau préavis de grève, de deux mois, à partir du 1er novembre. Le 21 octobre, les pompiers de l’aéroport de Mayotte ont quant à eux affirmé qu’ils n’allaient pas assurer la sécurité incendie de l’avion présidentiel lors de la visite de Macron prévue le lendemain. 

Le cours autoritaire du pouvoir se poursuit néanmoins, qui ne semble tolérer comme opposition, dans la rue, que les réacs anti-PMA ou… les policiers « en colère ». La lutte contre la politique ultra-répressive du pouvoir et l’organisation de l’auto-protection face aux violences policières demeurent plus que jamais des enjeux essentiels : il en va de la possibilité même de manifester, de revendiquer et de défendre nos droits. Ce que nous comptons bien évidemment faire dans les jours et les semaines à venir…

Julien Salingue