Le 17 juin dernier, le secrétaire général du PS, Cambadélis, annonçait dans Libération l’initiative d’une primaire au sein du PS et de ses alliés gouvernementaux en vue de la présidentielle de 2017.
Il y a quelques semaines, il n’en était pas du tout question. Peu importaient alors les statuts du parti. Les proches de Hollande avançaient sa qualité de président sortant pour l’en dispenser. Aujourd’hui, tout a changé : la primaire serait même devenue une question de « démocratie », selon Valls interviewé il y a une dizaine de jours dans le Journal du Dimanche. Et il s’y connaît en démocratie, lui qui a prétendu interdire les manifestations et qui à longueur de temps calomnie les opposants à la loi travail, les fait gazer et matraquer.
C’est que, pour Hollande, c’est la déroute. Sa cote de popularité est au plus bas, 15 % d’opinions favorables seulement. Dans les sondages sur la présidentielle, il est donné éliminé à la suite du premier tour dans tous les cas de figure. Qui plus est, le nombre de ses adversaires dans son propre parti ne cesse d’augmenter, et certains comme Montebourg faisaient planer la menace de leur candidature s’il n’y avait pas de primaire.
Aussi Cambadélis a-t-il soudain changé d’avis et annoncé qu’il proposerait l’organisation d’une primaire au conseil national du PS. Celui-ci a approuvé cette décision à l’unanimité. Mais, soit dit en passant, ce n’est pas le cas de la motion présentée au cours de la même séance prévoyant de prendre des sanctions contre les socialistes frondeurs s’ils s’avisaient de voter la censure contre le gouvernement, votée par un peu plus de la moitié seulement des présents.
La « Belle alliance populaire »...
Cambadélis a expliqué que la décision avait tardé parce que Mélenchon, le PCF et EÉLV avaient refusé l’organisation d’une primaire au sein de toute la gauche. Aussi la primaire aura-t-elle lieu au sein de la… « Belle alliance populaire », à savoir le PS, les radicaux de gauche et les écologistes du gouvernement. Les modalités précises de son organisation devraient en être décidées plus tard... ainsi que la participation de Hollande qui serait annoncée quelques jours seulement avant le scrutin prévu début janvier.
Alors que dans les sondages, Mélenchon est donné gagnant devant Hollande, le PCF dénonce la manœuvre de la primaire : « Pour sauver Hollande », dit à juste titre Pierre Laurent, tout en déplorant qu’il ne soit pas possible de former une « gauche de transformation » qui pourrait accéder au pouvoir avec un PS qui désavouerait la politique du gouvernement. C’est que le PCF, toujours soucieux de sauvegarder ses éluEs, s’accroche au PS d’une manière ou d’une autre.
Toute cette agitation n’a pas grand-chose à voir avec ce qui s’exprime dans le mouvement. Aucun gouvernement dans le cadre de la propriété privée capitaliste et des institutions bourgeoises ne sera en mesure de changer quoi que ce soit dans la vie de la population. On l’a bien vu en Grèce avec le gouvernement Tsipras. Sauveur suprême à la Mélenchon ou nouvelle mouture d’union de la gauche comme en rêve le PCF, les travailleurs et la jeunesse n’ont rien à en attendre. Ils ne peuvent compter que sur leurs propres luttes.
Galia Trépère