C’est pour nous une rentrée particulière. Maintenant que nous avons des éluEs au conseil municipal, il va nous falloir apprendre à militer avec. Car même si notre collectif comprend de nombreux militantEs expérimentés et dans des domaines divers, nous avons bien conscience d’être dans une phase de découverte et d’apprentissage. Pas pour devenir des « bons » élève du conseil municipal, surtout pas pour ressembler à ce que la gauche institutionnelle à pu produire, mais bien des éluEs-militantEs, utiles au mouvement social.
Bien sûr que nous ferons sérieusement le boulot de conseiller municipal, mais avant tout, il s’agit pour nous, comme on le dit depuis le début, de faire rentrer la colère dans le « parlement » bordelais, à faire entendre la parole de notre camp social, des milieux modestes et populaires, des plus précaires. Et pas seulement pour crier et dénoncer mais surtout pour perturber la routine, pour trouver des brèches qui pourraient faire bouger des choses.
Tout est à construire
Certes ce n’est pas à trois éluEs que nous changerons la donne. Mais justement, et c’est là le véritable enjeu, c’est que par notre parole et action d’éluEs, nous puissions aider à faire évoluer le rapport de forces. L’important sera notre capacité à faire le lien entre le « parlement » et la population, à relayer les résistances, les exigences, les besoins sociaux, à tisser des liens entre les mobilisations.
Nous savons que tout est à construire, qu’on a besoin d’apprendre à faire pour être efficace dans ce boulot militant. Nous savons aussi que cela dépendra des luttes sociales existantes, des combats menés quotidiennement dans les quartiers, pour l’intérêt collectif, pour les droits et la dignité de toutes et tous.
Alors il faut qu’on s’organise, qu’on organise le travail militant, qu’on crée et renforce les liens entre les associations, les syndicats, les habitantEs qui se défendent. De notre place, nous espérons pouvoir aider à construire, à donner confiance dans l’action collective et solidaire, à donner envie de s’occuper de ses affaires, en ne laissant surtout pas la mairie, les pouvoirs locaux s’en occuper sans nous.
Une politique qui réponde aux urgences sociales
Les coups durs et les inquiétudes sont déjà là, en cette rentrée : crise sanitaire, licenciements, précarité, tensions et violences dans les rues, pollution, présence policière et répression… Ce n’est évidemment pas parce que la droite a été dégagée que la vie va s’améliorer. D’autant que la gauche écolo-socialiste ne donne aucun signal de changement. Ce n’est pas une surprise mais ce n’est pas pour autant qu’il faudra s’y résigner. En tant que groupe d’opposition de gauche (on accepte le terme même s’il peut comporter des ambiguïtés) Bordeaux en Luttes peut aider à formuler une politique qui réponde aux urgences sociales, faisant face à l’inertie, aux arguments « réalistes » comme quoi il faudrait du temps pour changer les choses. Une « opposition » peut devenir utile et efficace si elle s’appuie sur la population qui prend ses affaires en main, si elle se coordonne avec les mobilisations.
Que ce soit sur les questions de crise sanitaire (nécessité de dispensaires de santé dans les quartiers, gratuité des masques …), du logement d’urgence (réquisition pour les sans-abris et mal-logéEs), du « traitement » de la délinquance qui doit être avant tout social, du combat contre les politiques sécuritaires, de l’urgence climatique (transport gratuit, luttes contre la bétonisation, arrêté anti-pesticide…), le « changement » c’est forcément une rupture, pas seulement avec la politique de droite mais surtout avec les milieux capitalistes et affairistes de Bordeaux, cela suppose une confrontation pour imposer une redistribution des richesses, base qui rend possible une politique sociale.
D’ores et déjà, nous nous organisons et travaillons dans ce sens. Nous ne savons évidemment pas si nous réussirons mais nous avons de quoi espérer car le ras-le-bol existe dans une bonne partie de la population, convaincue que la droite n’a pas été virée pour continuer pareil, que face au « Bordeaux bourgeois », le Bordeaux populaire n’a pas fini de se faire entendre.