Publié le Mercredi 12 septembre 2018 à 11h10.

Le fabuleux destin de la Macronie

Un véritable non-événement : Richard Ferrand, petit baron de Macron, a sans surprise été élu au « perchoir », c’est-à-dire à la présidence de l’Assemblée nationale. Au-delà de ses déclarations s’excusant « de ne pas être une dame », ce mâle dominant veut se poser en homme du « renouveau ». « Incarner le renouveau, ça ne se décrète pas, ça ne s’autoproclame pas, ça se conçoit, ça se crée, ça se fabrique. Et vous savez combien avec vous j’ai pris ma part à son avènement »

Sans doute que le député du Finistère, passé (assez logiquement) du hollandisme au macronisme, fait allusion à son parcours d’élu, commencé il y a deux décennies comme conseiller général, puis conseiller régional, puis député, etc. L’itinéraire d’un enfant gâté, digne représentant d’un personnel de la 5e République dont on n’a que trop soupé.

Ou alors Ferrand, en matière de « renouveau », a-t-il en tête l’affaire des Mutuelles de Bretagne (MDB), des mutuelles dont il était directeur général... et qu’en tant que vice-président du conseil départemental du Finistère, il a largement subventionnées au profit de son épouse de l’époque (1,66 million d’euros), puis de sa nouvelle compagne (près de 200 000 euros)…

À moins qu’il s’agisse de rappeler qu’en véritable héraut de ce nouveau monde politique dont le président-Jupiter se fait le chantre quotidien, Ferrand, une fois élu député en juin 2012, a tout de même conservé un poste de chargé de mission aux MDB (rémunéré entre 1 200 et 1 500 euros par mois selon les sources), et embauché comme assistant parlementaire le compagnon de son ex-adjointe à la direction des MDB, puis son propre fils. Collusion, clientélisme, népotisme… n’en jetez plus !

Sur le fond, après l’arrivée du désormais ministre de Rugy lors de la vacance de monsieur Hulot, l’élection de Ferrand à la tête d’une instance fondamentale pour le fonctionnement bien huilé des institutions de la 5e République, est une nouvelle illustration du fait que le macronisme connaît déjà une usure prématurée. En recherche d’oxygène, ce petit monde est bien à la peine pour faire émerger de nouvelles têtes pas encore totalement cramées par cette première année d’exercice du pouvoir. Le socle social, déjà étroit, du président directeur général, se rétrécit toujours plus. Si ceux d’en haut n’en peuvent plus, il va falloir en profiter… 

Manu Bichindaritz