Publié le Vendredi 7 novembre 2014 à 08h00.

Le gouvernement cogne fort, ripostons le 15 novembre !

Dans les plus démocratiques des formes de gouvernement bourgeois, le dernier des recours est toujours constitué par les forces de répression. C’est pourquoi les prétendues bavures ne sont toujours que la conséquence quasi inévitable de l’utilisation de la force contre celles et ceux qui refusent les politiques patronales et gouvernementales. C’est bien pourquoi Rémi Fraisse est la victime non d’une bavure mais d’une politique cohérente.

Cohérence répressiveC’est ainsi que depuis plusieurs mois le gouvernement Hollande-Valls-Cazeneuve multiplie les mesures répressives. Violences policières systématiques contre les opposantEs à l’Ayraultport ; interdiction de manifestations en solidarité avec le peuple palestinien ; poursuite judiciaire voire acharnement contre Alain Pojolat, « porte-plume » des organisations à l’initiative de ces mobilisations ; soutien total aux politiques répressives engagées à La Poste, à la SNCF, à l’Inspection du travail, etc. Violence répétées contre les sans-papiers, les Roms, les demandeurs d’asile. Cette politique répressive a le mérite de la cohérence.C’est ainsi que l’Assemblée nationale a adopté (à l’unanimité de l’extrême droite au Front de gauche avec la seule abstention des députés EÉLV) en procédure accélérée une loi dite antiterroriste. Une loi dont le Syndicat de la magistrature disait qu’elle constituait « l’alibi terroriste au service d’une surveillance généralisée des populations ». Ce « projet de loi confie à l’administration des pouvoirs et des outils de surveillance des citoyens qui portent une grave atteinte aux fondements de notre État de droit. Approfondissant encore les dispositifs sécuritaires adoptés depuis les années 1990, ils contribuent à un fichage et à une surveillance généralisée s’imposant à tous ».

Cohérence antisocialeLes dénonciations fallacieuses de prétendus fraudeurEs, les attaques contre les chômeurEs, contre tous les nantiEs et privilégiéEs que constituent à leurs yeux les fonctionnaires et les salariéEs en CDI viennent alimenter régulièrement des médias largement complices. Dans la foulée, le patronat se sent entièrement légitimé et soutenu dans une même politique répressive. Ainsi le Pacte de compétitivité vient faire régner au cœur de l’entreprise une insécurité sociale dont le chômage en hausse régulière fournit un socle permanent. La répression des syndicalistes, de toutes celles et ceux qui refusent les diktats patronaux, est devenu le vrai visage du dialogue social des amis de Valls. Même les frêles barrières légales qui donnent des moyens ou protègent les représentants des salariéEs sont encore trop pour les patrons. C’est ainsi que les différentes institutions représentatives du personnel sont aujourd’hui dans la ligne de mire du Medef.

Fort de nos faiblessesLa nécessité d’affronter cette cohérence, ces connivences, constitue la base de toute construction d’une riposte. Impossible de séparer riposte sociale et riposte antirépressive. Mais ceci est également à la base des difficultés de construction de ces ripostes.Des années de reculs sociaux, de défaites avec ou sans mobilisation, suscitent doutes et hésitations parmi les salariéEs pour s’engager dans l’affrontement. Le basculement explicite et définitif d’un gouvernement que beaucoup d’entre eux voyaient encore de « gauche » dans le camp du patronat, des nantis, ajoute encore au sentiment d’absence d’alternative. De même, l’attitude des directions syndicales, au mieux embourbées dans le dialogue social, au pire soutenant totalement la politique gouvernementale, conforte largement ce sentiment.

Reprendre l’initiativeMalgré ces difficultés, des résistances, des ripostes, existent. Leur isolement autant que ces politiques répressives n’ont pas permis de victoire significative, mais elles constituent le premier élément dont nous devons partir pour reprendre l’initiative, faire reculer patronat et gouvernement. Dans ce sens, nous devons tout faire pour que la mobilisation qui se dessine, notamment dans la jeunesse, remette en cause le scénario et le casting prévus par ce gouvernement.Le deuxième élément, c’est le regroupement nécessaire des forces politiques, associatives, syndicales pour s’engager concrètement dans la construction d’une mobilisation contre le patronat et le gouvernement. Ce sont ces forces qui ont appelé aux manifestations du 12 avril et sont engagées dans celle de ce samedi 15 novembre.De ces deux constructions, nous devons être pleinement partie prenante, c’est-à-dire proposer, débattre des mobilisations capables de redonner confiance, de regagner du terrain, d’interdire au gouvernement de poursuivre une politique répressive criminelle.

Robert Pelletier