Le bilan et les perspectives du Front de gauche sont, entre autres, au menu du congrès d’étape que le PCF doit tenir en juin. La direction du PCF vient de rendre publics les deux documents en discussion pour le « congrès d’étape » de juin. Le premier document adopté par le Conseil national (CN) par 69 voix contre 19 et 10 abstentions traite de la situation politique, du bilan du Front de gauche et des perspectives. « Faire grandir les résistances » à la politique de Sarkozy et « réussir le changement en 2012 » sont les deux axes de ce texte dont la perspective centrale se trouve bien résumée par Robert Injey, rapporteur du document au CN : « Nos premiers acquis avec le Front de gauche ne doivent pas nous faire perdre de vue notre ambition : celle de la construction d’une majorité de changement. Y parvenir, c’est éviter le double écueil stratégique : celui de l’enfermement de l’autre gauche et celui d’une gauche solidaire dont la solidarité serait celle de se taire et l’impossibilité de peser sur les choix. » Pour essayer de comprendre avec qui s’unir, le rapporteur fait le point de l’état de la gauche : « Une gauche, du NPA à Europe Écologie, traversée par des mouvements très contradictoires. Avec un PS qui se retrouve dans des conditions plus favorables mais où demeurent des contradictions entre des positionnements à gauche mais sans remise en cause sur les moyens du changement. » Voilà la seule critique que porte le document à la politique du PS. Dès lors, le positionnement est clair : il s’agit pour le PCF d’être l’aile la plus radicale d’un gouvernement de la gauche plurielle. Pour y arriver, le Front de gauche reste un outil mais il doit être capable de dépasser, comme le dit le document, la seule « partie très politisée de la société » qu’il a regroupée aux régionales et de se transformer en Front populaire : « Nous ne voulons pas faire travailler le Front de gauche comme un cartel ni comme un nouveau parti mais comme une démarche politique citoyenne et populaire ouverte. » Il s’agit de répondre à Jean-Luc Mélenchon qui réclame la possibilité d’adhésions individuelles au Front de gauche. Pour conclure, le PCF propose un débat programmatique avec les syndicalistes et militants associatifs avant d’aborder les candidatures, notamment celle de la présidentielle. C’est encore le président du Parti de gauche qui est visé pour avoir laissé entendre qu’il serait un bon candidat en 2012. Pour résumer, disons que le PCF veut continuer de diriger un Front de gauche qui serait à gauche de la « gauche solidaire » dans un gouvernement commun et qu’à cette étape, il n’envisage pas de se rallier à une candidature de Mélenchon à la présidentielle. Ce sera soit un candidat du PCF soit un « syndicaliste » proche, soit, pourquoi pas, le ralliement à une candidature unique de la gauche. On notera d’ailleurs qu’il n’est jamais fait mention dans le document, ne serait-ce qu’une fois, des noms des partenaires du Front : Parti de gauche ou Gauche unitaire ou Parti communiste des ouvriers de France ou Alternatifs... Une absence significative. Sur le deuxième document, il y a peu de choses à dire. C’est la nouvelle langue de bois pour dire qu’il faut un parti plus ouvert, plus pluraliste, plus démocratique, plus à l’écoute de la base, des nouveaux mouvements sociaux et des nouvelles technologies : « une transformation de notre travail de direction à tous les niveaux qui visent à démultiplier les champs et l’efficacité du militantisme local compris au sens large »... Bref, rien de nouveau pour faire revenir les quatorze membres de la direction qui ont démissionné et auxquels le CN, dans un appel solennel, demande de reconsidérer leur décision qui les amènent à vouloir dynamiser la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase) au détriment du PCF... Alain Krivine
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