Publié le Jeudi 29 mars 2012 à 22h51.

L’écran de fumée du sécuritaire

La campagne présidentielle a pris, le week-end dernier, un tournant délétère et nauséabond.L’instrumentalisation par Sarkozy des drames de Montauban et Toulouse à des fins électorales et politiciennes, sa volonté de dévoyer la légitime émotion de la population sur le terrain sécuritaire, sur celui du nationalisme et de la xénophobie enveniment le climat politique. Invoquant la lutte contre le terrorisme, il voudrait restreindre les libertés. Au nom de l’union nationale, il voudrait étouffer le mécontentement social et faire oublier son sinistre bilan, la montée continue du chômage en attisant les inquiétudes et les peurs. Marine Le Pen est la première à profiter de ce climat pour distiller sa haine contre les immigrés, le racisme. Elle prétend, elle dont les liens avec des forces ouvertement fascistes sont de notoriété publique, partir en guerre contre le fascisme vert au nom de la chrétienté ! La droite et l’extrême droite flattent les obscurantismes réactionnaires, cherchent à diviser celles et ceux qui sont victimes de la politique des classes dominantes qui ont conduit à la crise.

Malheureusement, Hollande se laisse prendre au piège du défi de Sarkozy et entraîner sur ce terrain des surenchères sécuritaires. S’il conteste les dernières mesures législatives de Sarkozy c’est pour insister sur « le renforcement des moyens ». Plus de lois sécuritaires ou plus de police, la réponse n’est pas là. C’est au cœur du problème qu’il faut s’en prendre, à l’insécurité, à la régression sociale, au chômage et à la précarité qui secrètent la misère, la pauvreté. À l’origine de la violence, il y a la violence sociale quotidienne qui délite les relations sociales, secrète les frustrations, le désespoir et les peurs. C’est elle qui exacerbe les tensions au point que bien des personnes au sein même des quartiers populaires ne voient d’issue que dans la police. Pourtant il n’y aura pas d’issue sans créer les conditions d’une vie sociale démocratique en mettant fin à cette violence sociale. En mettant fin aussi à la violence des guerres qui ravagent le monde en particulier contre les peuples afghan ou palestinien. Les surenchères sécuritaires et répressives ne régleront rien.

Yvan Lemaitre