Le monde a les yeux braqués sur les États-Unis, où dans quelques mois se tiendront des élections décisives pour le globe : Trump reviendra-t-il au pouvoir ? Trump, sa politique libertarienne acharnée ? Bien avant, le ton sera donné… lors des prochaines élections européennes. Car, en Europe, aussi, le bateau tangue face aux démons de l’extrême droite et des droites extrêmes.
Les sondages, dont les médias d’extrême droite font grand cas, sont favorables au RN. La machine autopromotionnelle ne doit pas masquer que la colère contre les politiques néothatcheriennes de la macronie, dans un paysage politique dominant à droite toute, peut trouver à s’exprimer dans ce vote ! Car les européennes sont cette fois encore des élections bien trop nationales, alors même que le mouvement des paysanNEs partout a montré la nécessité d’apporter des réponses à ce niveau…
Ce n’est donc pas un hasard si le premier à lancer sa campagne en France est Jordan Bardella, président du RN. Ainsi, le 3 mars, à Marseille, devant 4 000 personnes, il a tenu le premier meeting de son parti avec un slogan qui rappelle l’« America is back » de Ronald Reagan : « La France revient, l’Europe revit ».
Ça sentait le rétro, la playlist vingtième siècle et le « c’était mieux avant », et reprenait les classiques discours anti-immigration chers à Le Pen père, sans lesquels le RN ne serait pas le RN, dédiabolisé ou pas. La faute aux immigréEs donc, mais aussi à l’écologie, forcément punitive, et au « grand effaceur » Macron… grand organisateur de la désindustrialisation, de « l’effacement anthropologique ». Tout d’un bloc, comme ça ! Car la nation, c’est la nation, le chef, c’est le chef, quoi !
Quant au programme, il n’a guère été esquissé. Et l’on comprend que pour lutter dans une élection européenne contre le « recul de la France chez elle », selon les termes de Bardella, le RN ne peut avancer un Frexit même caché et ne peut guère détailler comment un « espace de coopération entre les nations et de grands projets », qu’il appelle de ses vœux, se mettrait en place. Alors, les peurs, le complotisme, le racisme et la xénophobie, sur fond d’identité chrétienne, font office de politique… au service de l’ordre capitaliste, évidemment !
Le RN tiendra neuf meetings d’ici aux élections européennes, neuf occasions, comme à Marseille, de s’opposer à sa politique qui infuse partout, dans des contre-rassemblements, à commencer par le 1er mai à Paris. Pour dire non aux racismes et à la xénophobie, réclamer le partage des richesses et la justice sociale… partout en Europe !