Manuel Valls a l’art de manier le paradoxe. Ultra-minoritaire dans son camp jusqu’à sa nomination comme Premier ministre, le voilà samedi dernier devant le conseil national du PS, dressant le constat des risques encourus par la gauche après le fiasco électoral des municipales et des européennes.
« La gauche peut mourir » assène-t-il, brandissant la menace de son élimination dès le premier tour de la prochaine élection présidentielle. Traçant les contours du dépassement qu’il appelle de ses vœux, refusant d’« apporter de nouvelles solutions avec de vieilles recettes », il empile pourtant les lieux communs d’un discours d’adaptation à la politique des classes dominantes, jusque dans sa volonté de s’affronter aux travailleurs et travailleuses en lutte.
Soutenu par un Cambadélis, nouveau premier secrétaire, assumant un projet de transformation du PS en New Labour à l’anglaise ou en Parti démocrate italien, il présente ce pas de plus dans la rupture avec les classes populaires comme « ce que doit être le génie de la gauche d’aujourd’hui ». Pourtant le rejet manifeste de la politique du gouvernement PS-Medef exprimé par des millions de salariéEs, chômeurs et jeunes lors des dernières élections, montre qu’une majorité n’en peut plus des politiques d’austérité et de casse sociale menées au seul profit du patronat par les socialistes et leurs alliés. Cette politique, prétendument de gauche qui ressemble à s’y méprendre à la politique de la droite, et que Hollande, Valls et leurs amis du PS veulent encore aggraver, ne peut que jeter le discrédit sur les idées progressistes. Cela nourrit le vote de repli et de désespoir en faveur d’un FN qui peut de ce fait entrevoir la possibilité d’accéder au pouvoir pour servir de manière autoritaire les intérêts des nantis. Si la gauche peut mourir, c’est de mener la politique de cette bourgeoisie insatiable que les Hollande, Valls et consorts veulent servir avec zèle.
Il n’y a pas d’avenir avec cette gauche-là, avec ces mauvais génies qui détruisent ce pour quoi se sont battues des générations entières de militantEs ouvriers pour construire une société débarrassée de la misère et de l’exploitation. Pour renouer avec une perspective émancipatrice, il faudra rompre définitivement avec ce parti, ses dirigeants et leur politique.
Côme Pierron