3 millions de chômeurs officiels, 8 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, une litanie ininterrompue de plans dits sociaux... Les rustines du gouvernement sont loin d’être à la hauteur.Ces derniers jours, la première fortune de France (et quatrième mondiale) a fait le « buzz » en demandant la nationalité belge, une manière de préparer sa fuite et celle de sa fortune vers des horizons plus tranquilles. Mais, ouf ! Devant les réactions regrettant son manque de patriotisme, le patron Arnault a fini par préciser qu’il n’avait pas l’intention de déroger à ses devoirs fiscaux.
De fausses larmes de vrais crocodiles...Quoiqu’il en soit, cette information s’inscrit dans un théâtre de boulevard avec de gros patrons qui jouent à se faire peur, grosses fortunes qui se sentent stigmatisées, soi-disant victimes d’une chasse aux riches faite par un gouvernement confirmant sa volonté de taxer à 75 % les revenus au-dessus de 1 million d’euros.Elle n’est pourtant pas si loin l’époque où des milliardaires signaient un manifeste Taxez-nous déclarant qu’ils étaient volontaires pour participer à l’effort national visant à réduire les déficits.Il a donc suffi que le nouveau gouvernement mette en place une mesure qui s’en prend un peu aux plus riches pour que ceux-ci s’affolent. Écœurant ! D’abord parce qu’il s’agit quand même de fortunes colossales, des dizaines de milliards d’euros accumulés dans les coffres-forts. Ensuite parce que ces fortunes ne sont pas les leurs, en réalité, mais le produit du travail de millions de salariéEs exploitéEs, surexploitéEs même. Il s’agit bien d’un détournement des richesses sociales. Quelle escroquerie et quel cynisme. Pour gagner les 4 milliards d’euros d’un Bolloré, il aurait fallu qu’un salarié payé au Smic ait commencé à travailler il y a plus de 300 000 ans, c’est-à-dire une époque où l’Homo sapiens n’existait pas encore. Incroyable, et pourtant…Imposer une réelle répartition des richessesDans le même temps, ce même gouvernement, qui soi-disant inquiète les riches, laisse se multiplier les plans de suppression d’emplois, augmenter les prix de produits incontournables (carburants, alimentation…). Au nom de la crise, des déficits à réduire et de la dette à rembourser, ce sont les mêmes mesures libérales qui s’imposent.En cette rentrée, il y a urgence à s’opposer à cette politique qui se traduit par une dégradation considérable du niveau de vie de la population : plus de 3 millions de chômeurs, 8 millions de gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, des millions de mal logés et de personnes qui ne peuvent pas se soigner correctement, qui galèrent dans la précarité, qui souffrent au travail.Cela doit cesser ! Les moyens existent pour sortir de la crise. Il faut prendre sur les grosses fortunes qui cumulent des centaines de milliards (près de 240 milliards d’euros pour les 500 plus grosses fortunes de France), sans oublier d’ajouter tout ce qui fuit déjà dans les paradis fiscaux (plus de 200 milliards d’euros estimés pour les plus riches Français).La solution est bien de taxer les capitalistes afin d’imposer une réelle répartition des richesses. Pour répondre à l’urgence sociale, il faut des mesures d’urgence : arrêt immédiat des suppressions d’emplois dans le privé comme dans le public, augmentation des revenus pour tous avec un minimum de 1 700 euros net, défense et développement des services publics notamment dans la santé et dans l’éducation.Des mobilisations pour s’opposer à l’austérité de gaucheLe gouvernement Hollande-Ayrault n’imposera pas une telle politique sociale tant il s’inscrit dans le cadre capitaliste libéral. Pour le changement maintenant, il ne reste que nous, les gens d’en bas, en nous faisant entendre dans la rue.L’objectif politique du NPA en cette rentrée est bien de contribuer à reconstruire la mobilisation la plus large possible et la plus unitaire, opposée à l’austérité de gauche défendue par ce gouvernement. Le mouvement social doit faire tomber les barrières qui le divisent, les réseaux militants doivent se reconstruire, la solidarité, les coordinations, les convergences se développer. Nous avons besoin de retrouver confiance dans notre camp social.C’est pourquoi nous nous adressons à l’ensemble des forces militantes syndicales, associatives et à la gauche politique. Il y a urgence notamment à lutter tous ensemble contres les licenciements et les suppressions d’emplois – avec les salariéEs de PSA, d’Arcelor, de Fralib, de Doux ou de Ford – mais aussi pour défendre les hôpitaux ou les écoles…
La manifestation des Ford du 29 septembre au Mondial de l’automobile, de la filière automobile le 9 octobre dans le cadre de la journée de mobilisation européenne sont parmi les premières échéances.Avec la manifestation unitaire contre la ratification du traité européen le 30 septembre, l’enjeu est d’amorcer une première riposte contre les politiques d’austérité. C’est tous ensemble... le vrai changement maintenant !Philippe Poutou