Meetings reportés, déplacements annulés, contact direct avec les « Français » limité… Fillon n’arrive pas à relancer sa campagne. Plus que jamais, le candidat des Républicains vit au jour le jour, dans l’attente d’une décision de justice.
Il pensait sans doute que ses « excuses aux Français » lors de sa conférence de presse du 6 février seraient suffisantes pour reprendre du poil de la bête et faire oublier le « Pénélopegate ». Il avait même indiqué que c’était « une nouvelle campagne » qui commençait. Mais ses premiers jours de retour sur le terrain politique ressemblent à un véritable chemin de croix. Que ce soit à Troyes, à Poitiers, dans l’Essonne ou à la Réunion, les soutiens font la gueule, et les comités d’accueil – aux cris de « Fillon démission » ou de « Fillon voleur » – obligent son équipe à annuler de nombreux déplacements publics. Selon un responsable du parti, « les gens dans la rue affichent plus leur mépris que leur soutien au candidat »...
Malgré cela, Fillon garde le cap sur son programme. Il n’hésite pas à dénoncer « la gabegie des emplois aidés », à s’en prendre encore et toujours au « coût du travail », à vouloir supprimer l’ISF, à instaurer l’impunité zéro en matière de sécurité, reprenant sur ce terrain-là de nombreuses propositions du FN… Bref, il reste droit dans ses bottes. Inflexible.
Son sort judiciaire est toujours en sursis puisque le parquet national financier (PNF) n’a pas terminé son enquête et que sa mise en examen n’est pas impossible. C’est pour cela que désormais ses avocats mais aussi certains parlementaires essayent désormais de discréditer le PNF en avançant l’idée que « la séparation des pouvoirs a été malmenée dans la procédure ».
SOS candidat en sursis...
Sur un plan plus politique, même si Fillon répète à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas de « plan B », pas de solution de remplacement, certains de ses « amis » préparent déjà la suite, et la fronde interne semble reprendre de la vigueur. Lundi 13 février au soir, 17 parlementaires dont Morano, Goasguen et Fenech se sont réunis pour faire le point. Ils ont « fait le constat que nous ne pouvons plus faire campagne sur le terrain, nous sommes face à une situation désastreuse pour notre famille politique ». Ils en appellent donc au bureau politique de leur parti, pour statuer sur le sort du candidat. Fenech demande ainsi à Fillon de « prendre ses responsabilités »...
Seul solution pour Fillon, attendre patiemment le 17 mars prochain (date limite pour le dépôt des parrainages au Conseil constitutionnel) en priant en bon catholique que la décision judiciaire n’intervienne pas d’ici là... Autrement dit, après cette date, plus de plan B puisque si Fillon se retirait, il n’y aurait pas de candidat possible des Républicains à l’élection présidentielle !
Avec en toile de fond Sarkozy qui vient d’être renvoyé devant le tribunal correctionnel par le juge Tournaire pour le financement illégal de sa campagne de 2012, mettant encore plus à mal le principal parti de la bourgeoisie (comme vient de nous le rappeler Gattaz).
Le « Pénélopegate », tout comme les affaires Bygmalion, Cahuzac… nous renforce dans notre volonté de défendre, dans cette campagne présidentielle et au-delà, des exigences démocratiques élémentaires pour balayer ce système corrompu : suppression de la Présidence de la République et de ses pouvoirs exorbitants, suppression du Sénat, instauration de la proportionnelle intégrale, droit de vote et éligibilité à toutes les élections pour les résidents étrangers, interdiction du cumul des mandats limités à deux consécutifs dans la même fonction, indemnité correspondant au salaire moyen d’un ouvrier ou d’un employé... Bref, au-delà de son personnel cramé, mettre enfin à bas cette 5e République elle aussi totalement carbonisée.
Sandra Demarcq