Depuis l’élection de Wauquiez à la tête des Républicains et la mise en place de la nouvelle direction, les annonces de départs et de mises en retrait sont nombreuses dans un parti en pleine refondation et… implosion.
Alors qu’il a été élu à 75 % il y a à peine deux mois, Wauquiez ne semble pas trouver à cette étape de consensus dans ses rangs et parmi les ténors de la droite historique. Son premier chantier à la tête des Républicains est de réunir autour de lui sa « famille politique » et de reconstruire une direction. Cela n’est pas simple puisque Wauquiez, pour répondre au phénomène Macron, veut faire peau neuve et s’oriente vers la droite extrême. Mais cela semble coincer, voire couiner.
Un organigramme qui parle de lui-même
La nouvelle direction de LR est composée de 14 membres qui, selon le nouveau patron, « viennent du gaullisme mais aussi du centrisme », et ont « 43 ans de moyenne d’âge ». Pour réunir sa famille politique, Wauquiez doit jongler avec tous. Mais en y regardant de près et sans grande surprise, c’est toute la droite la plus libérale et la plus dure qui est au cœur de l’appareil. Pour faire taire ceux qui l’accusent d’aller sur le terrain du FN, il a nommé comme première vice-présidente Virginie Calmels, la très libérale juppéiste. Mais il a également nommé comme deuxième vice-président Guillaume Peltier, ancien membre du FN jeunes, ancien bras droit de Villiers et qui, cet été, indiquait, comme le rapporte le JDD : « À droite, il n’y a pas d’argent, plus d’idées, plus de leader naturel. Les anciens sont battus. Arrive une nouvelle génération. C’est nous qui allons prendre le pouvoir. » Et d’ajouter : « Moi, je ne suis pas un témoin. Je veux être un des chefs. » Wauquiez lui en donne aujourd’hui l’occasion. Et pour que personne ne soit oublié, le secrétariat général est donné à Annie Genevard, une ancienne filloniste. Au porte-parolat on retrouve Lydia Guirous, qui avait déjà occupé ce rôle sous Sarkozy mais qui avait été virée très vite car trop polémique. En effet, en 2015, elle avait indiqué en conférence de presse qu’il fallait « fermer les frontières, arrêter Schengen, arrêter la libre circulation » et, plus récemment, elle a fait parler d’elle en expliquant qu’il fallait « expurger le Coran de toute sa partie violente, rétrograde, homophobe, antisémite et misogyne ». Lydia Guirous sera accompagnée de Gilles Plataret, également nommé porte-parole. Le maire de Chalon-sur-Saône s’est lui aussi fait remarquer en supprimant dans les cantines de sa ville, depuis 2015, les repas sans porc.
Ça couine
Face à ce nouvel organigramme et à l’orientation de Wauquiez, de nombreux ténors de la droite historique, et pas des moindres, quittent le parti ou se mettent en retrait. Après Xavier Bertrand et NKM, c’est au tour de l’un des fondateurs de l’UMP et ancien ministre, Dominique Bussereau, de se mettre en congé du parti jusqu’au moins 2019 pour cause de désaccord politique important, plus précisément, comme il l’iexplique dans une tribune au JDD le 14 janvier, « à des cousinages déplaisants ». Le lendemain, c’est au tour de Juppé d’annoncer lors de ses vœux à la presse qu’il ne reprendra pas sa carte d’adhérent en 2018, et qu’il prend également du recul. Wauquiez et ses proches minimisent ces départs et ces reculs, ne voulant certainement pas acter à cette étape l’échec de la refondation du parti. Après le Parti socialiste, Macron semble avoir réussi à mettre KO le deuxième parti institutionnel de la 5e République.
Joséphine Simplon