Publié le Jeudi 5 janvier 2012 à 11h05.

Les « vœux » du président

Dans ses vœux pour 2012, Sarkozy a dévoilé la feuille de route du gouvernement.Sarkozy a sorti le costard noir devant l’Élysée, puis à Metz, pour nous servir son menu de réveillon. Mais alors que le discours se veut rassurant, c’est bien en habit de croque-mort qu’il nous annonce l’enterrement de nos acquis sociaux, sur fond de nationalisme, de concurrence avec le discours de Marine Le Pen.En apéritif, une bonne dose de nationalisme : références à la grandeur de la France, à la solidité des institutions, l’essentiel étant de « conjurer le doute qui déclenche la crise de confiance » !En entrée, il enchaîne, très content de son bilan : réforme des retraites, cadeaux aux banques… « Ce ne sont ni les marchés ni les agences de notation qui feront la politique de la France » chantonne Sarko. On pourrait presque rire si on ne subissait déjà lourdement les politiques d’austérité menées au nom de la stabilité des marchés et du triple A.Une avalanche de projets antisociaux avant maiPour la suite, il nous enjoint à être « courageux et lucides », à ne « pas rester immobiles » ni « différer les choix ». C’est clair : ils veulent boucler un certain nombre de réformes avant mai.Le président prétend que le chômage est dû à l’inadaptation des demandeurEs d’emploi au marché du travail. Une vieille rengaine, qui nie l’ensemble des mesures qui ont justement conduit à une augmentation du chômage : défiscalisation des heures supplémentaires, augmentation des cadences de travail, licenciements massifs et contrats précaires, casse des services publics.

Sarkozy veut imposer des formations aux chômeurEs, dans la lignée de ce qui a déjà été fait pour retirer des droits aux sans-emploi : radiation après trois propositions d’emploi, obligation pour les allocataires du RSA de travailler gratuitement, etc. L’objectif n’est pas de résoudre le problème du chômage mais de radier des milliers de demandeurEs d’emploi.

Sur la protection sociale, il propose purement et simplement de baisser les cotisations sociales et de compenser par une augmentation de la TVA. Le bénéfice est clair : les patrons payent moins, les salariéEs payent plus par la TVA. Cela remet en cause le fondement même de la Sécurité sociale : la socialisation d’une partie du salaire.

Les deux arguments avancés par Sarkozy et ses ministres sont, d’une part, la baisse du coût du travail et, d’autre part, l’augmentation des prix des produits d’importation. Cette « TVA antisociale » nous est servie avec la musique nationaliste du « produisons français », mais aura essentiellement pour conséquence de diminuer encore le pouvoir d’achat de celles et ceux pour qui la TVA, l’impôt le plus injuste puisqu’il est payé quel que soit son revenu, pèse déjà lourd.

Sarkozy promet, après Chirac, une taxe sur les transactions financières, dont on n’a jamais vu la couleur… Paroles, paroles…Au dessert, des attaques contre le droit de grève.Le 1er janvier, à Metz, Sarkozy annonce qu’après la SNCF et l’Éducation nationale, ce serait au tour du transport aérien de se voir imposer le « service minimum ». En pratique, c’est l’obligation de déposer les préavis de grève plus tôt et de se déclarer individuellement en grève. Le service public, Sarko, bien sûr, s’en fout. En revanche, ce qui l’intéresse, c’est de casser les secteurs combatifs et de réduire le droit de grève.Une tournée de vœux est annoncée tout au long du mois de janvier. Si cela continue, en mai prochain, on sera tout nu dans la rue… Alors, tandis que Mélenchon estime que « la réponse à ces vœux sera dans les urnes », pour nous, c’est dès maintenant, et par nos mobilisations, qu’il faut dégager Sarkozy. Cela ne se fera pas non plus au « sommet social » du 18 janvier auquel Sarkozy a convié toutes les « forces économiques et sociales ». Il est de la responsabilité de toutes les organisations du mouvement ouvrier, syndicats comme partis, de construire sans attendre la bataille sociale et politique contre ce gouvernement et sa politique. Faute de quoi, la gueule de bois pourrait nous assommer bien après mai…

Camille et Antoine Larrache