Publié le Jeudi 22 septembre 2011 à 22h04.

L’espoir rose pâle

Le débat télévisé des six candidats du PS le 15 septembre sur France 2 a confirmé que la vie ne sera pas plus rose si le PS revient aux affaires en 2012.La Socialiste Academy, premier débat télévisé de la primaire socialiste, n’était pas bien passionnante. « Débat » était d’ailleurs un bien grand mot, car après trois heures de cette messe polyphonique, aucun doute à avoir sur le fait que les six prétendants ont bel et bien le même programme.

L’éducation fut dès le départ au cœur de la présentation des candidats. Avec ou sans Allègre, les enseignants peuvent se préparer à des attaques. Montebourg évoque le changement de leur statut, Aubry, la « refonte de l’école » et Hollande double alors tout le monde sur la gauche en déclarant qu’avec lui il y aura 60 000 embauches, bien loin de récupérer les 100 000 emplois supprimés depuis 2002.

Leurs réponses à la crise étaient bien entendu au centre des débats. Mais une crise qui paraît bien passagère dans leur bouche. Chaque candidat défend le sacro-saint programme : réforme fiscale où l’on ne doit pas augmenter les impôts pour les plus démunis ni pour les plus riches, mis à part Montebourg et Royal qui veulent créer une nouvelle tranche. Mais plus globalement la sortie de la crise se fera par la relance et le respect de la règle d’or ! On pourrait presque croire au retour d’une politique économique keynésienne mais derrière le mot relance, le vide. Martine Aubry nous ressort les emplois jeunes, cette fois-ci nommés « emplois d’avenir ». 300 000 ? 100 000 ? 7 000 emplois ? On ne le saura pas car ils seront conditionnés par la croissance. Montebourg sort du lot sur la question de la dette, pas de règle d’or puisqu’elle est déjà inscrite dans le traité de Maastricht. Une taxe Tobin remodelée permettrait de récupérer 250 milliards sur les 400 milliards de la dette, fantastique. Mais lorsqu’il évoque la Grèce ses propos sont très ambigus. On ne pourrait plus être solidaire avec des pays qui dépensent sans compter ! Il ajoute après que la Chine ruine l’Europe et qu’il faut un retour au protectionnisme. Tout cela sur le modèle américain. La relance par les salaires ? N’y comptez pas, aucun candidat n’a été dans ce sens. Par contre, il semble que la refonte du système bancaire en séparant les banques d’investissement et les banques de dépôt, proposition Front de Gauche compatible, fera le plus grand bonheur de Jean-Luc Mélenchon à la Fête de l’Humanité.

Pour la relance, le PS lance un grand appel aux PME (grand classique) pas suffisamment soutenues. Royal, à droite toute, veut faire de la France un pays d’entrepreneurs. Concernant la sortie du nucléaire, les candidats ont quelques divergences mais on n’en sortira pas tout de suite, ni dans 20 ans, c’est sûr.

Sur l’immigration, Valls était en grande forme. Rien de nouveau sous le soleil, une immigration du travail et des quotas. Du Sarkozy ni plus ni moins sous le silence des cinq autres candidats.

Le plus dramatique reste les grands sujets absents du débat, et ils sont nombreux. Rien sur les retraites sauf Aubry qui dit qu’elle ne reviendra pas sur la retraite à 60 ans. Le mouvement social n’était apparemment pas invité puisque ce dernier n’a pas été évoqué une seule fois mis à part les IndignéEs et ces révoltes violentes dont Hollande ne veut plus. Rien sur un retour sur les privatisations dont EDF-GDF. Rien sur la santé. Pas plus sur la question de l’égalité des droits entre hommes et femmes et LGBTI, rien sur une vraie loi-cadre contre les violences faite aux femmes, l’homoparentalité, l’agriculture...

Rassurons-nous, à défaut « d’avoir le droit d’espérer une vie meilleure » (Royal) nous aurons peut-être au moins le « droit à mourir dans la dignité » (Baylet) !

Thibault Blondin