Deux ans après les attentats du 13 novembre, diverses commémorations ont été organisées, notamment à Paris et Saint-Denis. Emmanuel Macron s’est ainsi rendu sur l’ensemble des lieux où ces actes odieux ont été perpétrés, pour y déposer des gerbes de fleurs. Édouard Philippe s’est exprimé pour l’exécutif en donnant une interview le 13 novembre sur France Inter. Par sa voix, le gouvernement s’est voulu à la fois inquiétant et rassurant : inquiétant en affirmant que « le niveau de menace reste élevé » ; rassurant en prétendant que la France n’avait pas cédé aux terroristes et que les autorités avaient su trouver « les réponses juridiques et militaires » adéquates.
Nous partageons bien évidemment la douleur des survivantEs et des proches des victimes, et saluons la mémoire des disparuEs. Mais il nous est impossible de communier avec un gouvernement et des responsables politiques qui, par leurs discours et leurs actes, non seulement instrumentalisent toujours la tragédie du 13 novembre, mais contribuent en outre à préparer les attentats de demain.
Nous n’oublions pas, en effet, que c’est au nom de la « menace terroriste » que les dispositifs liberticides de l’état d’urgence viennent d’être intégrés au droit commun. Nous n’oublions pas non plus les interdictions de manifester, les perquisitions brutales au domicile de personnes dont le seul tort était d’être écologiste, ou musulman, les peines de prison contre des militantEs, l’accroissement de l’encadrement policier des quartiers populaires, et son lot de violences.
Violences sociales, répression, discriminations, stigmatisation : un cocktail destructeur auquel s’ajoute la poursuite des expéditions militaires françaises, dont les peuples d’Afrique et du Moyen-orient n’ont pas fini de payer le prix, ainsi que le renforcement des liens avec – entre autres – la dictature égyptienne et le régime saoudien, mirobolants contrats d’armement à la clé.
« Lorsqu’on étouffe la société, on nourrit l’amertume, l’exclusion et, au bout du compte, la folie totalitaire », affirmait un certain Emmanuel Macron en novembre 2015. Deux ans plus tard, force est de constater que, malgré les postures, le président français et son gouvernement contribuent largement, ici et ailleurs, à « nourrir l’exclusion et l’amertume » et à précipiter la fuite en avant vers un monde toujours plus violent. C’est pourquoi, sans céder d’un pouce aux injonctions à la « communion nationale », et à la mémoire de toutes les victimes de ce système barbare, nous continuerons à nous battre contre Macron et son monde.
Julien Salingue