Le 4 septembre dernier, Macron s’est mis en scène au Panthéon, prétextant le 150e anniversaire de la proclamation de la République.
En effet, le 4 septembre 1870, après la défaite des armées de Napoléon III dans la folle aventure de la guerre contre la Prusse, la déchéance de l’Empereur est proclamée et la République rétablie. En fait, c’est la pression de la foule parisienne qui a arraché ces décisions aux députés d’une assemblée élue sous l’Empire.
Il y a certes dans cette assemblée une minorité républicaine (avec notamment Gambetta) mais elle n’a aucune visée insurrectionnelle et veut calmer le peuple de Paris. Jules Favre, chef de file des républicains, dénonce ainsi « les meneurs de l’anarchie » et souligne le risque qu’ils prennent la direction des évènements. Le général Trochu, militaire conservateur et gouverneur de Paris, assure les fonctions de chef de l’État. Dans les semaines qui suivent, il va naviguer entre les pressions populaires, celle des conservateurs dont il fait partie, et les péripéties de la guerre. On connait la suite : Trochu démissionnera le 22 janvier 1871. Adolphe Thiers lui succède.
La personnalité de ce politicien caméléon qui fut président du Conseil sous la monarchie (sous le règne de Louis-Philippe) a été ainsi résumée par Marx : « Thiers n’a été conséquent que dans son avidité de richesse, et dans sa haine des hommes qui la produisent ». Thiers sera le fusilleur de la Commune. Peu lui importe la nature du régime (monarchiste ou républicaine) pourvu qu’il respecte les intérêts des possédants. Il déclare le 13 novembre 1872 devant les députés : « La République sera conservatrice ou ne sera pas ». La 3e République ne se résume certes pas au conservatisme de Thiers mais le choix de la date du 4 septembre par Macron n’a rien d’innocent.
Notre République n’est pas celle-là, c’est « la sociale ». Celle des ouvrierEs parisiens de juin 1848 qui revendiquaient une république démocratique et sociale et se sont heurtés à l’« ordre « républicain » (celui de la 2e République). Notre République, c’est celle de 1792 et surtout de l’énergie populaire de la Révolution française repoussant à chaque fois les limites que se fixaient les élus. Celle de la Constitution de 1793 dont le 35e et dernier article proclame : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».