«Ils sont venus, ils sont tous là » a dû se dire avec satisfaction Yannick Jadot au début de la réunion de la « gauche » qu’il avait organisée le samedi 17 avril dernier. Effectivement, des ex-macronistes à La France insoumise en passant par le PS, Anne Hidalgo, Benoît Hamon, Europe écologie-Les Verts, le PCF, tout le monde de la « gauche » institutionnelle était représenté.
Avec des arrière-pensées diverses. L’objectif de Jadot est de court-circuiter les primaires des Verts et de s’imposer comme candidat à la présidentielle. Le PS veut faire pression pour aboutir à un accord avec les Verts. Pour le PCF, l’essentiel est de préparer les législatives afin de sauver ses députéEs quel que soit l’avenir de sa candidature à la présidentielle. Quant à la FI, ils ont répété que la fusée Mélenchon a déjà décollé et, plus justement, fait quelques rappels sur la politique macroniste.
Du coup, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a parlé avec quelque mépris de « ceux qui étaient simplement venus réclamer des combats communs, notamment contre les objectifs du gouvernement comme l’assurance chômage, les retraites, les libertés publiques ». « Simplement des combats communs » ? Si ce genre de réunion servait à quelque chose, ce serait justement à contribuer à un plan d’action contre la catastrophe sanitaire et sociale ! Mais visiblement, ce n’était pas la préoccupation principale…
Il ne peut rien sortir d’une recherche d’unité sur une base réduite à « tout sauf Macron et l’extrême droite ». Dans le climat de démoralisation et de difficultés des ripostes (luttes d’entreprises, combats démocratiques, actions de solidarité), deux écueils guettent la « gauche de la gauche ». D’abord, l’unitarisme en cautionnant avec plus ou moins de recul des combinaisons politiciennes parées d’oripeaux de la « société civile » ou de discours creux sur le « monde d’après ». Ensuite, la simple affirmation de positions révolutionnaires qui peut d’ailleurs correspondre à des analyses opposées selon que l’on pense, soit qu’une nouvelle génération révolutionnaire massive est en train de percer, soit au contraire, comme Lutte ouvrière, que la situation est très mauvaise.
Dans la période qui vient, il s’agit d’être unitaire tout en martelant la nécessité d’un affrontement avec l’État et la classe dominante mais sans croire que cela emporte, indépendamment de leur expérience concrète, la conviction de « ceux d’en bas ». Concernant la présidentielle, le NPA sera bien présent dans la campagne, et en déterminera démocratiquement, d’ici l’été, les modalités (profil, candidature, campagne).