« Un échange d’amabilités entre "camarades" aussi sympathique que la pluie qui trempait le public », commente la journaliste du Monde à propos du débat à la fête de Lutte ouvrière. Le ton était donné dès la première intervention de la camarade de LO qui a ouvert les hostilités en même temps que le débat. Partant du principe qu’il n’était pas nécessaire de revenir sur l’analyse de la situation politique qui faisait largement accord entre nous, la militante de LO a centré la discussion sur nos « démarches respectives » « qui sont différentes », et donc sur la participation du NPA au 5 mai. S’en sont suivies des attaques en série sur notre prétendu suivisme à l’égard du Front de gauche et de Mélenchon, les illusions que nous aurions eues envers Hollande, les différences fondamentales qu’il y aurait entre nos programmes d’urgence respectifs (!) … Ces accusations pour le moins caricaturales n’ont pas empêchés les camarades de LO – soit dit en passant – de se dédouaner à bon compte de participer à des majorités de gestion dans un certain nombre de municipalités. « Le gouvernement et une commune, ce n’est pas la même chose », nous ont-ils répondu, ce qui laisse mal augurer de leur attitude aux prochaines municipales.Ne pas se dérober à ses responsabilitésIl nous a fallu rétablir les faits, tout en développant la démarche qui est la nôtre : la construction d’une opposition de gauche à ce gouvernement en vue de préparer un mouvement d’ensemble qui mette un coup d’arrêt à l’austérité et impose les mesures d’urgence répondant aux besoins de la population, le seul moyen de ne pas laisser l’initiative à la droite et à l’extrême droite. Notre invitation à unir nos efforts pour œuvrer ensemble aux mobilisations et à la convergence des luttes, à débattre des moyens de s’opposer à la nouvelle offensive que le gouvernement vient d’annoncer contre les retraites, à étudier les possibilités de listes d’opposition de gauche aux municipales, sont restées sans réponse. À en croire les camarades de LO, les jeux auraient été faits d’avance, le NPA étant quasiment par nature voué à se faire aspirer par le Front de gauche puisque la LCR, qui en était à l’origine, avait fait le choix de renoncer au « communisme révolutionnaire ». Alors qu’eux-mêmes « représentent autre chose », ils veulent construire un parti communiste révolutionnaire, dont le seul rôle est de préparer la prise du pouvoir par la classe ouvrière.Certes, mais encore faut-il dire comment ? Il ne suffit pas de critiquer les partis réformistes et de les dénoncer, d’aider « la classe ouvrière à faire le tri », comme il nous a été dit. Encore faut-il avoir une politique à l’égard des forces qui influencent la classe ouvrière, comme le Front de gauche aujourd’hui, et ne pas se dérober à nos responsabilités, face à une situation de crise inédite qui exige que nous œuvrions à construire l’unité du monde du travail face à l’offensive sans précédent qu’il subit.Galia Trépère
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