Le scandale des violences policières au Stade de France samedi 28 mai lors de la finale de la Ligue des Champions, devant 400 millions de téléspectateurs, a eu un retentissement international, et beaucoup ont découvert le visage le plus brutal du régime macronien. Cet événement n’est pas anecdotique, et fait écho à bien des traits du macronisme, y compris sa façon de « faire campagne » pour les législatives.
Nous l’avons dit et répété au cours des dernières années : le recours systématique à la répression pour gérer toute forme de perturbation de « l’ordre », y compris lorsque celle-ci est due à l’incurie des autorités elles-mêmes, est un révélateur de la nature de la macronie : un pouvoir ultralibéral-autoritaire, dont l’arrogance n’a d’égal que la brutalité. Ce que confirme la séquence actuelle autour des élections législatives, où le principal axe de campagne de Macron et des siens est de demander, voire d’exiger, une simple confirmation du résultat de la présidentielle, quitte à contourner toute forme de discussion politique et à se contenter de délégitimer les opposantEs, à commencer par la Nupes et Jean-Luc Mélenchon. Comme lors de la présidentielle, on ne peut en effet qu’être frappé par l’absence totale de débat public, et par les postures de la macronie, dont certains représentants n’hésitent pas à agiter le spectre du totalitarisme pour s’en prendre aux candidatEs de la Nupes. Rien que ça.
La quête d’une majorité absolue… et docile
Nous l’évoquions la semaine dernière1 : la façon dont les candidatEs labellisés « majorité présidentielle » ont été sélectionnés en dit long sur les intentions de Macron. En reconduisant les députéEs les plus « loyaux » (comprendre « soumis ») et en ne « s’ouvrant » qu’à de nouvelles candidatures directement issues de l’appareil de la macronie, le président réélu envoie un message clair : il entend poursuivre sa politique de régression sociale et compte pour ce faire obtenir une majorité de complaisance à l’Assemblée, qui se contentera d’enregistrer les orientations et décisions du pouvoir. Tel est le seul enjeu des élections législatives pour Macron, président mal élu mais déterminé à continuer à gouverner brutalement en cassant toute forme d’opposition sociale et politique.
Il est difficile à cette heure de se risquer à faire des pronostics sur les résultats des élections législatives. Si les sondages d’opinion semblent témoigner d’une dynamique favorable à la Nupes, les mécanismes de la 5e République sont tels que l’hypothèse la plus probable est que Macron obtienne une majorité à l’Assemblée. C’est ce qu’indiquent les fameux sondages de « projection en sièges », et c’est aussi ce que voudrait la logique des « votes barrages » au second tour : contre l’extrême droite en cas de duel majorité présidentielle-RN, et contre un Mélenchon diabolisé en cas de duel Nupes-majorité présidentielle. Mais la situation d’instabilité politique et la faible légitimité du pouvoir Macron pourraient déjouer, du moins en partie, les pronostics, et rien n’indique à cette heure que la macronie triomphera aux législatives.
Faire entendre notre camp social
Dès lors, élire le plus de députéEs incarnant une gauche de rupture, avec l’objectif de fragiliser Macron et d’entraver la possibilité qu’il puisse compter sur une majorité absolue à l’Assemblée nationale, est un enjeu en soi, qui pourra peser sur le quinquennat à venir. C’est pourquoi le NPA a fait le choix, malgré un échec des discussions avec l’Union populaire, de s’investir, dans une majorité de circonscriptions, en soutien aux candidatures de la Nupes incarnant une opposition à Macron et à l’extrême droite et une rupture avec les politiques libérales. Dans d’autres circonscriptions, nous avons initié des candidatures autonomes, ou participé à leur construction, face à des candidats labellisés Nupes mais exprimant une continuité avec le social-libéralisme. Nous tentons ainsi de faire entendre, au niveau national, une voix à la fois unitaire et radicale dans le cadre de la campagne des législatives.
Mais l’enjeu électoral ne peut être isolé de celui de la reconstruction globale des rapports de forces sociaux, élément déterminant pour faire face à l’offensive du patronat et de son personnel politique, pour résister au rouleau compresseur néolibéral, pour arrêter de perdre des droits et rendre crédible la perspective d’en gagner de nouveaux. Nous savons en effet que si les élections cristallisent, de manière déformée, les rapports de forces entre les classes, elles ne sont jamais en elles-mêmes et à elles seules le moyen de les modifier en profondeur. C’est pourquoi, comme nous l’avons fait durant la campagne présidentielle, nous posons, dans cette campagne législative, la question de la nécessaire construction des mobilisations face à Macron et l’extrême droite et, au-delà, de la reconstruction des outils d’organisation et de défense de notre camp social, qu’il s’agisse des syndicats, des associations, des collectifs… Mais aussi d’une gauche politique radicale, de combat, aussi fidèle aux intérêts de la jeunesse et des salariéEs que Macron l’est à ceux des riches et du patronat.
- 1. « Pour son acte II, Macron veut des députéEs toujours plus à sa botte », l’Anticapitaliste n°617.