Publié le Mercredi 27 janvier 2021 à 09h39.

Macron, Versailles et les patrons

Face à la pandémie et aux nouveaux variants du virus, la population n’a droit qu’à du brouillard ou à des déclarations rassurantes sans lendemain. La semaine dernière, Véran, le ministre de la Santé, annonce 15 millions de personnes vaccinées à l’été, quelques heures après c’est 43 ou 70 millions. Broutilles…

Ce qui préoccupe en fait Macron, c’est de donner des certitudes aux capitalistes. Chaque année depuis qu’il est président, est organisée une conférence baptisée « Choose France » dans la Galerie des glaces du château de Versailles avec le gratin des grands patrons. Cette année, du fait du Covid-19, elle devrait avoir lieu cet été si la pandémie le permet. En attendant, Macron ne peut réfréner son envie de parler immédiatement à ce beau monde.

A donc été organisée une visioconférence lundi 25 janvier. Une centaine de dirigeants de multinationales, de Siemens à Snapchat en passant par Ferrero et Inditex, devaient y assister. Le but de cette rencontre virtuelle ? Expliquer comment l’Élysée envisage le monde d’après. Comme le disent les conseillers de Macron, il s’agit de « rassurer les investisseurs étrangers ». « Le président de la République leur dira que nous ne retournerons pas en arrière. Il n’y aura pas de retour de l’impôt sur la fortune, ni d’annulation de la baisse de l’impôt sur les sociétés. Nous continuerons la politique de l’offre […], il faut donner de la visibilité aux investisseurs ».

Certes, beaucoup de choses dépendent de l’évolution de la pandémie. Mais Macron et ses sbires estiment fondamental d’assurer aux patrons que, quels que soient les évènements, il n’y aura pas de mesure de nature à les chagriner. Ceci alors qu’ils tirent leur épingle du jeu. Selon une étude de Allianz Global Investors, les dividendes versés par les entreprises européennes devraient rebondir de 15 % en 2021 effaçant plus de la moitié du recul de 2020.

Macron n’entend renoncer à aucune des réformes. Pour ce qui est de celle de l’assurance chômage, rejetée par tous les syndicats en raison de ses effets dévastateurs, Élisabeth Borne (la ministre du Travail) remet le couvert et essaie de trouver une entourloupe en espérant que certaines directions syndicales marchent dans la combine. Malgré la montée du chômage et des suppressions de postes.

Certains voudraient croire que la gravité des évènements pourrait augmenter la lucidité de ceux qui nous gouvernent. Ce n’est qu’illusion. Il faudra s’y mettre tous et tous ensemble. La manifestation du 23 janvier contre les licenciements a constitué une première démonstration de ce qu’il faudra faire en grand, en très grand…