La date du 5 mai est bien tombée, elle correspondait à un vrai besoin pour celles et ceux, nombreux, qui éprouvaient le sentiment de s’être fait voler la manif du 1er Mai à Paris, et même au niveau national, via les médias qui n’ont parlé que des violences...
Ce 5 mai était donc l’occasion de se retrouver, de reprendre la rue, avec le plaisir de partager nos colères et notre révolte : un carburant indispensable à la poursuite de la mobilisation. C’est ce qu’ont fait, en particulier, les cortèges de jeunes et de salariéEs en lutte, étudiantEs, cheminotEs, postierEs, hospitalierEs…
Convergence face au gouvernement
La manif n’a pas fait « sa fête à Macron », mais personne ne pensait que ce défilé serait de taille à bousculer Macron et son gouvernement au vu de l’état des mobilisations. Par contre, elle a posé un jalon, dans la continuité des grèves en cours, mais aussi du vote des salariéEs d’Air France qui viennent de dégager leur PDG malgré le rouleau compresseur idéologique qui voulait démontrer que les grévistes d’Air France n’étaient qu’une minorité d’énervéEs mettant en danger l’entreprise. Elle a aussi permis à des salariéEs de secteurs qui peinent encore à se mobiliser d’être présents, et de se saisir de l’occasion de dire leur opposition à ce gouvernement.
L’opposition au gouvernement était bien le point de convergence de celles et ceux qui se sont retrouvés dans la rue samedi dernier. Mais cela n’élude pas pour autant le débat politique, bien au contraire. Alors que le cadre ayant organisé la manifestation se voulait large et pluriel, des anciens de Nuit debout au NPA en passant par des éluEs de La France insoumise et quelques structures syndicales comme l’URIF CGT ou Sud Poste, la manifestation a affiché un visage bien monolithique. Non seulement La France insoumise a distribué de manière très incitative ses pancartes au départ du cortège, mais ses éluEs, plantés sur leur bus, ont passé la manif à haranguer la foule hors de tout cadre unitaire.
Unité du mouvement, radicalité des perspectives
Cette attitude – qui en a exaspéré plus d’un – ressemble à un petit hold-up. Pour le NPA, elle exprime des désaccords. D’abord sur la stratégie – la nécessaire unité de tout le mouvement social et politique pour remporter une victoire – et, au-delà, sur les perspectives à donner au combat contre Macron.
Pour la FI, la période est à la dénonciation du gouvernement avec principalement pour objectif de préparer de prochains succès électoraux, pour une alternance dans les urnes. Pour nous, mais aussi pour nombre de salariéEs, engagés dans la lutte pour bloquer les réformes de Macron ou qui se demandent si c’est le moment de le faire, l’agenda n’est pas électoral. Macron le répète à chaque occasion, il ira jusqu’au bout de son projet, et la seule manière de l’en empêcher est de créer une situation de blocage – ici et maintenant – par la grève, l’occupation de la rue et de tous les espaces publics, pour discuter enfin des réels besoins du monde du travail et des moyens de les satisfaire.
Soit l’exact opposé de la politique de Macron et de ses prédécesseurs : ne pas laisser le pouvoir de décision entre les mains d’une minorité de possédants coupés de la vie du reste de la population, exproprier les banques qui vivent de la dette, donner le pouvoir de décision aux salariéEs qui produisent les richesses, mettre l’économie et la société sous le contrôle de la population. Des questions que le NPA veut aussi mettre en discussion dans les AG de grève, les universités en lutte et tous les espaces de mobilisation.
Cathy Billard