«La France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv »... Par ce propos négationniste, Marine Le Pen vient d’ébranler sérieusement la stature de présidentiable respectable qu’elle s’était laborieusement construite. Elle est au final dans la lignée des fameux propos du père : « Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé. Je n’ai pas pu en voir moi-même, mais je dis que c’est un point de détail de la Seconde Guerre mondiale ». Elle réaffirme – à celles et ceux qui en douteraient – qu’elle et son parti appartiennent toujours à cette famille, ce courant collaborationniste, révisionniste, négationniste.
Et pourtant, le 16 juillet 1942, la rafle du Vél’ d’Hiv a bien eu lieu. Ce jour-là, ce sont 13 000 juifs, dont 4 115 enfants, qui furent emmenés dans les camps de la mort. Seule une centaine survivra... Pas un seul soldat allemand ne participa à ce crime exécuté par la police française aux ordres de la Gestapo. Et les gouvernements français successifs ont mis beaucoup de temps à reconnaître ce crime antisémite, comme ils en mettent également beaucoup à reconnaître leur responsabilité dans d’autres crimes racistes et/ou colonialistes. Une déni qui durera jusqu’en 1995, lorsque Chirac, alors président de la République, reconnu que « ce jour-là, la France a commis l’irréparable », avant que Hollande affirme en 2012 « la vérité est que le crime fut commis par la France en France ».
Les propos de Marine Le Pen, nauséabonds, d’ailleurs illégaux, s’apparentent à du révisionnisme. Le FN nous invite à « renforcer l’unité de la nation par la promotion du roman national et le refus de la repentance. » Cela pue le récit national identitaire, le mensonge magnifié. En affirmant dans les médias que « la France était à Londres et que le gouvernement de Vichy n’est pas la France », ses lieutenants tentent de se couvrir aujourd’hui d’une image gaullienne, et au-delà de se parer des atouts de la Résistance : ces milliers de résistantEs de toutes origines, de toutes cultures, qui se levèrent contre le nazisme ET contre le gouvernement collabo français...
De père en fille, on sait qu’à l’extrême droite, ce n’est définitivement pas le cas.
Roseline Vachetta