Publié le Mercredi 3 mai 2017 à 10h42.

Mélenchon : Le silence est d’or ?

Après son intervention au soir du 1er tour de la présidentielle, Mélenchon s’était fait discret. Le temps du silence est terminé... et il se voit désormais Premier ministre de cohabitation.

Pendant quelques jours, le candidat de La France Insoumise était injoignable. Depuis sa déclaration au soir du premier tour dans laquelle il n’avait pas donné de consigne de vote pour le second tour et s’en remettait à la consultation des Insoumis (243 128 exprimés : 36 % en faveur du vote blanc, 35 % en faveur d’un vote Macron et 29 % pour l’abstention), Mélenchon était resté silencieux. Silencieux malgré les injonctions, les reproches venant de toutes parts...

Ainsi, pour Yannick Jadot (entre autres) : « Quand on défend la France métissée, on la protège contre le Front national. Parce que ça ne sera pas Jean-Luc Mélenchon qui sera victime de l’ostracisme, de la stigmatisation, ou du racisme dans ce pays. » Très proche du PCF, le romancier Didier Daeninckx, lui, a exigé dans les pages de Libération que Mélenchon retire par « décence » le triangle rouge (insigne des déportés communistes dans les camps nazis) qu’il porte depuis de nombreuses années...

Le silence a donc pris fin, et comme pendant toute sa campagne, Mélenchon a d’abord fait reparler de lui via une vidéo publiée sur sa chaîne YouTube. Il est revenu sur sa défaite, qui « laisse beaucoup d’amertume », et, ne donnant pas de consigne de vote, a affirmé : « Franchement, est-ce qu’il y a une seule personne parmi vous qui doute du fait que je ne voterai pas FN ? Tout le monde le sait ! » Il a fustigé le « front républicain » qui « consiste à donner des brevets de pompiers à des pyromanes. Je n’ai rien de commun avec Les Républicains, je n’ai rien de commun avec le Parti socialiste sur le plan des orientations politiques », se positionnant comme le seul opposant à Macron. Ses porte-parole ont ensuite assuré le service après-vente : « Pas une voix pour Marine Le Pen » ! Des positions réaffirmées par Mélenchon lors de son passage au JT de TF1 dimanche.  

Et encore les urnes...

Ce qui semble motiver son choix de préserver l’unité de son socle électoral est de transformer la dynamique des présidentielles pour former une majorité lors des législatives de juin prochain, indiquant qu’il était « prêt à gouverner le pays si nous avons la majorité ». Car c’est en juin que, pour lui, « tout va se jouer ». « Je dis donc aux gens, à mon avis la France va se débarrasser de Mme Le Pen à cette élection présidentielle. Et nous, dans un mois, nous allons tous ensemble nous débarrasser de la politique de M. Macron »

Mélenchon se pose donc d’ores et déjà en figure de proue de la future opposition à Macron, mais une nouvelle fois une opposition qui ne se fait que dans les urnes... Bien loin de l’urgence de créer un véritable rapport de forces social et politique pour stopper les reculs et imposer nos revendications.

Et cette fois encore, il en reste persuadé, son pari peut se concrétiser. Au final, force est de constater que La France insoumise est parvenu à marginaliser le PCF, et même le PS ! Mais à cette heure, rien ne permet de savoir quelles configurations à gauche seront en présence sur le terrain électoral. Le ticket France Insoumise semble désormais attirer les ambitieux puisque EÉLV, allié à Hamon pendant les présidentielles et fervent opposant à Mélenchon... lui propose maintenant de « créer les conditions de candidatures communes aux législatives dans un maximum de circonscriptions » entre écologistes, mélenchonistes, communistes et socialistes... Le PCF propose de son côté un accord de retrait réciproque portant sur « 15 circonscriptions gagnables »

« L’unité » reste un combat...

Sandra Demarcq