Le durcissement des politiques répressives se fait sur tous les terrains, par la loi votée le 12 mars qui s’ajoute encore aux mesures existantes, mais aussi par les dispositifs policiers et judiciaires mis en œuvre.
La police a mobilisé des moyens importants pour traquer sur les réseaux sociaux des « coupables » de l’Acte 18. Quitte à violer allègrement le cadre légal : ainsi deux jeunes Gilets jaunes de Touraine ont fait deux jours de garde à vue avant d’être libéréEs en comparution immédiate pour des erreurs de procédure, alors qu’on leur reprochait d’avoir posté sur Facebook une photo d’objets récupérés au Fouquet’s.
Un Acte 19 sous le signe sécuritaire
Mais la violence de la répression judiciaire est effectivement dissuasive pour celles et ceux qui ont été condamnés, et bien au-delà. Et ce sont pas moins de 2 000 condamnations qui ont été prononcées depuis 4 mois, selon la ministre de la Justice, qui précise que « 40 % sont des peines d’emprisonnement ferme et 60 % d’autres types de sanctions comme des travaux d’intérêt général ou des sursis ». Un cap a été franchi lors de l’Acte 19, samedi 23 mars, avec entre autres l’annonce de la mise à contribution des soldats de Sentinelle pour dégager des forces supplémentaires contre les manifestantEs, et avec la possibilité de l’utilisation de marqueurs dans les gaz alors que ceux-ci ne peuvent en rien constituer la preuve d’un délit… Et avec un battage médiatique ininterrompu qui a créé un climat justifiant de nouvelles violences policières.
Ce que les faits n’ont pas démenti. Le ministère de l’Intérieur a en effet annoncé samedi que « 40 500 personnes ont manifesté en France dont 5 000 à Paris, encadrées par 65 000 policiers et gendarmes ». À Paris, « 8 545 contrôles ont eu lieu, dont 5 547 dans des périmètres interdits aux manifestations », tandis que « 233 personnes ont été interpellées en France, 107 ont été verbalisées, 172 placées en garde à vue ». Enfin, la blessure grave de la porte-parole d’ATTAC 06, ponctuée des déclarations méprisantes habituelles de Macron, confirment que pour eux, ce sont bien les manifestantEs qui sont responsables des violences policières.
Urgence à se mobiliser
L’aggravation des dispositifs de répression est un véritable baromètre du rejet de Macron et de sa politique. Et les sondages sont impitoyables : un récent sondage Odoxa-Dentsu Consulting indique que 68 % des personnes interrogées désavouent le limogeage du préfet de police de Paris et des autres boucs émissaires, et que 76 % considèrent que Castaner est incapable d’empêcher la répétition des « violences » sur les Champs-Élysées. Dans le même sondage, 55 % reconnaissaient la légitimité des revendications des Gilets jaunes même si la même proportion estime qu’il faudrait que les manifs s’arrêtent. Un arrêt sur image parlant : la politique de Macron et de son gouvernement ne passe pas, n’est pas légitime, bien au-delà des Gilets jaunes, et la fuite en avant répressive ne convainc pas. Et ne dissuade pas les Gilets jaunes et des militantEs de descendre dans la rue malgré toutes les intimidations et les menaces.
Ce gouvernement, qui ne veut rien céder politiquement, n’a d’autre choix que de poursuivre son escalade répressive, et ne s’en prive pas, comme le montre l’interpellation inacceptable, lundi 25 mars, de Ian B. du collectif « Désarmons-les ». Il y a urgence à construire une réaction pour défendre les droits démocratiques, à commencer par le droit de manifester et de dénoncer les violences policières. C’est ce qui a commencé à se faire avec le meeting unitaire qui a rassemblé mercredi 20 mars, à Paris, plus de 400 personnes autour d’une « commission d’enquête » militante, qui a débouché sur la volonté de travailler à un Observatoire de la répression, comme l’envisage également un cadre unitaire large initié par la FI. Il est indispensable que ces cadres combattent idéologiquement la campagne réactionnaire, mais soient également en capacité de mobiliser des forces dans la rue au côté des Gilets jaunes, des syndicalistes et militantEs répriméEs à La Poste, au DAL, à Bure… pour mettre un gros stop à l’offensive répressive.
Cathy Billard