Publié le Vendredi 19 avril 2013 à 11h25.

Moralisation de la vie politique: « que tout change pour que rien ne change »

Les annonces faites mercredi 10 avril par Hollande lui-même sur la moralisation de la vie politique et la lutte contre l’évasion fiscale ne changeront rien. Elles visent essentiellement à jeter l’opprobre sur ceux qui se sont fait prendre la main dans le sac afin de maintenir les juteuses affaires des autres !La publication du patrimoine des ministres révèle que huit d’entre eux sont millionnaires et que la plupart des autres possèdent aussi une quantité de biens impressionnante. Comment pourraient–ils prétendre représenter les chômeurEs, les salariéEs dont la moitié gagne moins de 1 700 euros mensuels, ou les 10 millions d’entre nous qui vivent avec moins de 900 euros par mois !Déjà, en 1871, le comité central de la Garde nationale de la Commune déclarait : « Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous représenteront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre propre vie, souffrant des mêmes maux. »Alors la transparence des patrimoines des ministres est bien un écran de fumée. Nous avons besoin de mesures radicales : la déprofessionnalisation de la fonction politique, qui passe par la limitation à deux mandats dans toute une vie, le non cumul, un salaire égal au salaire médian, et la possible révocabilité.

Mon ami c'est la finance…Est aussi annoncée à grand bruit la création d’un super parquet financier. Selon l’ensemble des syndicats, les mesures proposées sont inutiles. Des juridictions régionales existent déjà. Il leur faudrait plus de personnel : le nombre de magistrats du pôle financier parisien est par exemple passé de treize à huit alors que le nombre d’évasions fiscales n’a pas diminué. Un parquet national créerait un rouage supplémentaire, compliquant encore la tâche déjà complexe des magistrats chargés des enquêtes. Pour pouvoir aller jusqu’au bout, c’est-à-dire réprimer et empêcher la fraude fiscale, les syndicats de magistrats demandent depuis des années la séparation totale de la justice financière de l’exécutif politique. Pour ne pas être obligé par exemple d’avoir l’autorisation du ministre du budget pour lancer une enquête fiscale…Enfin il y a la publication de la liste des paradis fiscaux. Pourtant celle-ci existe déjà depuis 2009 et rien n’a changé : il y a toujours quatorze paradis fiscaux rien que dans l’Union européenne ! Imposer un devoir d’information dès qu’un Européen ouvre un compte dans un autre pays que le sien n’est évidemment pas à la hauteur de l’enjeu.Nous devons continuer d’exiger la fermeture des paradis fiscaux, la levée du secret bancaire, l’expropriation des banques corrompues et la création d’un monopole public bancaire. Dans un premier temps, la récupération de cette richesse volée permettrait l’annulation de la dette publique de tous les pays européens. Et puis, il faut une autre politique fiscale : un impôt progressif sur tous les revenus, une harmonisation fiscale européenne et sociale qui éviterait le dumping européen. Tout le contraire de la liberté de circulations des capitaux et de la concurrence libre et non faussée.

Roseline Vachetta