C’est une débâcle électorale sans précédent pour le Parti socialiste qui n’obtient que 29 sièges de députés à l’issue du second tour des législatives. Soit dix fois moins qu’en 2012 !
Et la majorité d’entre eux sauvent leur tête parce qu’aucun candidat de la République En Marche ne leur était opposé ! C’est le cas de Valls, dont la réélection à 139 voix près dans l’Essonne a entraîné une vague de protestation dimanche soir parmi les partisans de son adversaire de La France insoumise qui s’apprête d’ailleurs à entamer un recours pour irrégularité.
Le PS est porté disparu dans des régions entières, y compris dans ses bastions de toujours : dans le Nord, le Pas-de-Calais, l’Ariège et en Seine-Saint-Denis. À Nantes, Toulouse, Lyon ou Marseille, aucun socialiste n’a été élu ! À Rennes et à Paris, deux l’ont été, mais ils étaient de fait soutenus par LREM.
La plupart des anciens ministres de Hollande ont été battus, notamment Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Jacques Urvoas, Marisol Touraine ou Myriam El Khomri. Emblématiques de certaines lois et réformes du quinquennat parmi les plus réactionnaires et antisociales, leur défaite fait plaisir à toutes celles et ceux qui se sont battus contre la réforme du collège, la normalisation des lois d’exception de l’état d’urgence, l’austérité débridée à l’hôpital public et bien sûr la loi Travail !
Mais les « frondeurs » n’ont pas pas plus sauvé la mise : Hamon, Paul, Galut, Romagnan sont battus. C’est bien l’ensemble du PS qui a été voué aux gémonies par l’électorat populaire. Une sanction terriblement méritée après cinq ans de gouvernement Hollande-Ayrault-Valls entièrement dévoué aux intérêts des capitalistes.
Qui veut encore sauver le soldat socialiste ?
L’entre-deux tours a encore été l’occasion pour le PS de se diviser puisque la majorité de ses candidats ont appelé là où ils étaient battus à voter pour La France insoumise ou pour le PCF, quand d’autres candidats socialistes postulaient (avec ou sans le logo du parti sur le matériel électoral) à renforcer la majorité présidentielle, et quand d’autres encore étaient opposés à un candidat macroniste ! Plus que jamais, le PS est en marche... vers son éclatement.
Cambadélis, lui-même battu à plates coutures dès le premier tour, a annoncé sa démission. « La gauche doit tout changer, la forme comme le fond, ses idées comme ses organisations (…). J’accompagnerai ce combat décisif avec volonté mais je ne le ferai pas en tant que Premier secrétaire du Parti socialiste », a-t-il déclaré. Courage, fuyons !
Un conseil national du PS doit se réunir à Paris samedi 24 juin : l’ambiance y sera électrique puisque chacune des chapelles socialistes va vouloir rejeter la responsabilité de l’échec sur les autres. Entre ceux qui vont rallier définitivement le clan Macron (une dizaine de députés sont « Macron-compatibles ») et ceux qui ont annoncé la création de divers mouvements parallèles (Hamon lancera son propre mouvement transpartisan le 1er juillet et de leur côté, Hidalgo, Taubira et Aubry ont lancé le 10 mai « Dès demain », un mouvement qui n’est « pas un parti».), réaliser l’unité au PS va carrément être un sport de combat.
Quant à « l’opposition à gauche » à l’Assemblée, elle sera sans doute polarisée par les députés de La France insoumise et du PCF. Du coup, certains se demanderont à quoi va encore servir le PS dans les années qui viennent. Mais comme sa politique est largement recyclable, peu importe l’étiquette que porteront les cadres de ce parti dans les années qui viennent, il nous restera à combattre leur politique fondamentalement anti-ouvrière.
Marie-Hélène Duverger