Sans grand suspense, Harlem Désir le favori du président, du Premier ministre et de tous les dirigeants du parti a été élu premier secrétaire du PS. Succédant à Aubry, il incarne la garantie d’un PS totalement inféodé aux orientations gouvernementales. Un pas de plus dans le social-libéralisme.À l’issu d’une procédure « démocratique » assez particulière, Harlem Désir a été élu jeudi 18 octobre par 72 % des militants socialistes. Petit problème, au vu du faible enjeu de ce scrutin interne, c’est à peine plus de 46 % des militants qui se sont déplacés pour reconduire celui qui de toute façon fait déjà le job depuis plusieurs semaines.Table rase dans la gauche du partiIl faut dire que Désir défendant la motion archi majoritaire présentée par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault, le résultat était connu d’avance. Certes, il avait face à lui un représentant de la dite aile gauche du parti, Emmanuel Maurel, qui a fait lui à peine plus de 27 % des voix. Commode pour mettre en scène la vie démocratique d’un PS où pourtant ce sont les manœuvres de couloir qui souvent font et défont les majorités, mais pas suffisant pour réellement exister.Car le grand perdant de ce scrutin aura été la gauche qui tant bien que mal survivait malgré les différentes périodes d’exercices du pouvoir depuis 1981 et l’accumulation des renoncements et des reniements. En témoigne le rôle que Benoît Hamon, jusqu’ici chef de file de cette gauche du parti, a joué depuis l’élection de Hollande. Complètement intégré et solidaire d’un gouvernement où il dispose d’un ramequin ministériel, il a jusqu’ici tout assumé, en particulier la mise en place du TSCG ouvrant le feu de l’austérité de gauche, se ralliant même à la motion Aubry-Ayrault pour ce congrès.« Rassembleur » autour de l’austérité gouvernementaleÀ la veille du congrès socialiste qui se tiendra du 26 au 28 octobre, celui qui se veut le « rassembleur » du parti est avant tout le meilleur agent de service après vente, multipliant les déclarations appuyant la politique du gouvernement. Ainsi défend-il dimanche 21 octobre à l’antenne de Radio J la réduction des déficits publics à 3 % « un impératif, une question d’indépendance économique » selon lui. Celui qui encore l’an dernier s’opposait à « l’absurde règle d’or » de Nicolas Sarkozy en est donc devenu un bon petit soldat.Dès lors, comment peuvent exister une quelconque démocratie interne, une liberté d’élaboration et de débats dans le PS, voire même – soyons fous – un courant défendant une orientation de gauche, alors que le chemin est aussi clairement balisé tant par son premier secrétaire que par le gouvernement ?Entre petits arrangements avant pendant et après le congrès, partage des postes et surtout solidarité sans faille avec le gouvernement, ce secrétaire général place ses pas entièrement dans ceux d’Hollande et de sa gauche d’adaptation et de renoncements.
Manu Bichindaritz