Avec sa triste prestation télévisée de jeudi dernier, Hollande n’a fait que donner de nouvelles raisons de le combattre, sans même réussir à convaincre ses propres troupes.
Le mouvement contre la loi El Khomri exprime le profond rejet non seulement du gouvernement mais aussi du PS. Les deux sont aux abois, et chacune de leurs petites manœuvres révèle le mépris qu’ils ont pour le monde du travail.
Ambitions...
Hollande s’effondre dans les sondages, et les ambitions jusqu’alors retenues se lâchent. Macron occupe le devant de la scène après avoir lancé son mouvement En marche. Champion de l’ambiguïté, l’ambitieux serait en passe de devenir l’hypothétique candidat le plus « populaire » du PS pour la présidentielle. Propulsé par Hollande contre Valls qui ne cache pas ses propres ambitions, il en est en même temps le critique tout en prétendant souhaiter sa victoire en 2017… De façon ridicule, Hollande tente de montrer qu’il contrôle la situation : « il sait ce qu’il me doit », a-t-il déclaré lors de son « dialogue citoyen », pour rappeler à Macron l’exigence de « loyauté personnelle et politique ». Tout un programme ! « Il doit être dans l’équipe, sous mon autorité », affirme-t-il en continuant de laisser entendre qu’il sera candidat à sa réélection. Sauf que cette autorité est pour le moins faible alors que Macron s’affiche avec Hulot et laisse les portes ouvertes à droite, n’écartant pas la possibilité de trouver là la route de Matignon…
Et contre-feux…
La veille de l’intervention télévisée de Hollande, Cambadélis et son complaisant allié Julien Dray ont lancé en réponse à l’opération Macron un rassemblement appelé malencontreusement « La Belle Alliance populaire », qui veut « dépasser le PS » pour fonder une « fédération de la gauche de transformation », avec pour objectif d’« élaborer une alternative au libéralisme ambiant et au nationalisme montant ». Elle se veut un soutien indéfectible à Hollande, mais n’est en fait qu’un rassemblement d’apparatchiks des groupuscules amis (Jean-Vincent Placé, François de Rugy, Denis Baupin et Yves Pietrasanta pour les écologistes progouvernementaux, Jean-Luc Bennahmias et Christophe Madrolle du Front démocrate), les traditionnels alliés radicaux représentés par l’ex-ministre du Logement Sylvia Pinel, ainsi que d’anciens syndicalistes proches du PS ou des « acteurs de la société civile »... avec le retour de Fadela Amara, l’ancienne présidente de Ni putes ni soumises, revenue de son petit tour du côté de Sarkozy… Ce vain rafistolage d’un navire en perdition n’a pas grand-chose de populaire. Ces gens-là ne se préoccupent que de leurs ambitions diverses complètement étrangères aux classes populaires. « C’est sûr que notre démarche n’est pas évidente dans la période, je demande au gouvernement de nous aider à le soutenir », déclarait sans rire Jean-Luc Bennahmias...
Cette farce pitoyable n’est qu’une manifestation de plus du processus de décomposition politique en cours du PS que les faux-semblants ne peuvent masquer, pas plus qu’une primaire à gauche ne pourra l’enrayer.
Yvan Lemaitre