Publié le Dimanche 19 mars 2017 à 10h53.

PCF : Des militantEs sans politique ni perspective

Après la victoire inattendue de Hamon à la primaire à gauche, la direction du PCF pensait avoir trouvé un moyen d’échapper au piège de son soutien sans retour à Jean-Luc Mélenchon...

Elle croyait pouvoir exister en se faisant le champion du rassemblement de la gauche pour « travailler à un nouveau contrat majoritaire qui tourne la page de ce quinquennat désastreux ». C’est en toute logique l’inverse qui advient...

Des illusions construites sur des illusions...

Certes, Pierre Laurent se défend de demander à Mélenchon ou à Hamon de se retirer, puisque l’un et l’autre ont dit qu’ils iront jusqu’au bout. Il se contente donc de leur proposer de « discuter », de « comparer les programmes ». Et bien sûr il s’invite dans la discussion : « Au minimum, il pourrait y avoir un débat public pour mettre au jour ce qui est commun et ce qui ne l’est pas. Ça permettrait aux Français de s’y retrouver alors qu’aujourd’hui, ils ne savent pas ce qui se passe ».

Cet échafaudage illusoire voudrait redonner du crédit à une autre illusion à laquelle bien peu croient encore aujourd’hui, que la gauche au gouvernement puisse faire autre chose qu’une politique de droite, c’est-à-dire se plier aux volontés du patronat, comme elle l’a toujours fait, ministres communistes compris.

Sauver des élus, quel qu’en soit le prix !

La volonté de débattre n’a pas empêché Pierre Laurent de se livrer à un petit marchandage : « Il y a un parti qui compte dans la vie politique, qui a des élus locaux, sans lesquels il n’y aurait probablement pas de candidature de Jean-Luc Mélenchon, on va le voir avec les parrainages encore cette semaine ».

Le chantage a fait pschitt puisque, samedi dernier, depuis Rome, Mélenchon annonçait qu’il avait les 500 signatures et qu’il ne les devait à personne, sous-entendu pas au PCF ! Le chantage au parrainage pour renégocier la question des législatives est donc mal parti pour le PCF, et le plus probable est même qu’il renforce l’ostracisme de la « France Insoumise » à son égard. Le parti risque de ne guère avoir d’autres choix, à moins de se soumettre, que de présenter ses propres candidats aux législatives face à la « France Insoumise »... dont il soutient le candidat à la présidentielle !

Indépendance de classe

Il reste au PCF à faire une démonstration de sa capacité à mobiliser à l’occasion de la « grande marche du 18 mars pour une 6e République des insoumis », entre Bastille et République, dont il dit qu’elle sera « un événement majeur de la campagne présidentielle ». En fait, quoiqu’en dise Pierre Laurent, il n’y sera qu’une force d’appoint : « Il y a une exigence d’unité et une exigence d’engagements clairs. Nous ne cessons de multiplier les gestes de bonne volonté. Mais le ralliement ne fait pas partie de la culture des communistes. D’ailleurs, nous soutenons Jean-Luc Mélenchon, sans l’avoir rallié, car nous avons des objectifs communs pour ce pays. La question d’un marchandage pour la présidentielle et les législatives, nous ne la posons pas comme les Verts et le PS. C’est le programme qui ­m’intéresse ». Ah bon ?

Pour défendre les intérêts des travailleurs et des classes populaires, les militantEs du PCF n’ont pas d’autre choix que de rompre avec cette politique qui depuis des décennies les place sous la tutelle de Mitterrand, Jospin ou Mélenchon, pour pouvoir enfin mener une politique de classe indépendante du jeu institutionnel. Au moment où les principaux dirigeants du PS s’emploient à liquider leur propre parti, il est temps de tourner radicalement la page pour renouer avec la lutte de classe.

Yvan Lemaitre