Les militantEs du PCF activement impliquéEs dans la défense des migrantEs ont dû être surpris lorsqu’ils et elles ont entendu leur secrétaire national, le député du Nord Fabien Roussel, sur le plateau de France 3 Hauts-de-France, dans l’émission « Dimanche en politique » du 21 septembre.
Interviewé sur la question de l’immigration mise en avant par Macron, Fabien Roussel a répondu : « Moi, j'aimerais bien mettre au centre la question de l'immigration économique et des travailleurs détachés[…]. Je suis pour stopper cette immigration organisée par les traités libéraux de Bruxelles. » Et, plus loin, amalgamant travailleurEs détachéEs et immigration économique : « Je comprends la colère des Français. »
Pourtant, le 26 septembre, le même Roussel, dans une lettre ouverte adressée à Macron, écrit : « Parlons des travailleurs que vous livrez à la concurrence avec vos traités européens, qui sont soumis au dumping social opposant les salariéEs de toute l'Union européenne, dumping que votre directive "travailleurs détachés" n’a en rien remis en cause […]. Nous voulons les mêmes droits pour tous ! »
Alimenter les peurs et le racisme
Y-a-t-il donc un double langage entre, d’un côté, le discours de Roussel dirigeant du PCF, comme dans sa lettre ouverte sur l’immigration, destiné aux militantEs communistes qui quotidiennement se battent aux côtés des migrantEs pour leur droits et, de l’autre, le discours du Roussel député du Nord visant à des fins électorales à flatter des électeurEs tentés par les discours haineux et xénophobes de l’extrême droite ?
Des propos tels que ceux tenus sur France 3, surtout venant du n°1 du PCF, ne peuvent qu’alimenter les peurs et le racisme, et participent à encourager la division suicidaire dans notre camp social entre FrançaisEs et étrangerEs au nom de la défense de « nos entreprises », c’est-à-dire des capitalistes français. Surtout aujourd’hui où Macron, confronté à une contestation sociale qui ne faiblit pas, sort la grosse ficelle du danger de l’invasion migratoire pour tenter de faire l’unité nationale et dévier la colère légitime des FrançaisEs contre les étrangerEs afin de faire passer sa politique ultraréactionnaire.
C’est pas les immigréEs…
Dans le contexte actuel – racisme d’État, montée de l’extrême droite, dérive xénophobe et raciste qui pourrit notre société – la défense intransigeante des droits pour l’égalité et la citoyenneté de nos sœurs et frères immigréEs ne peut souffrir aucune ambiguïté. Toute concession à la xénophobie ambiante peut entraîner loin. Nous n’oublions pas que dans le passé, dans les années 1980, la direction d’alors du PCF, fervente apôtre du « Produisons français », et sous couvert de lutter contre la surexploitation des travailleurEs sans-papiers, avait soutenu sans réserve les actions de deux maires PCF contre des immigréEs : l’attaque au bulldozer d’un foyer de Maliens à Vitry-sur-Seine et une manifestation contre un immigré marocain soupçonné de trafic de drogue à Montigny-lès-Cormeilles…
Ce ne sont pas les travailleurEs détachéEs ou les sans-papiers qui sont cause du « dumping social » mais bien l’appétit vorace des capitalistes pour augmenter sans cesse leurs profits sur le dos des plus pauvres d’où qu’ils et elles viennent ! Accueillir dignement celles et ceux qui fuient la guerre et la misère n’est pas seulement un devoir humanitaire mais aussi la nécessité de mettre concrètement en pratique la solidarité internationale contre notre propre impérialisme qui a semé dans le monde la terreur et la mort pour défendre ses intérêts. L’unité entre FrançaisEs et immigréEs est cruciale si l’on veut en finir avec le capitalisme, le racisme et toute la barbarie qu’il génère. Et ce n’est pas ce double langage du n°1 du PCF qui renforcera – bien au contraire – notre combat contre cet ennemi commun !
Josie Boucher