C’est lors de sa rencontre avec les associations de cyclistes, après la mort de Paul Varry, que François Durovray, nouveau ministre des Transports, a annoncé l’abandon du Plan Vélo selon Mediapart1. Le cynisme n’a plus aucune limite.
Lancé par Élisabeth Borne, le Plan vélo 2023-2027 dégageait près de 2 milliards d’euros pour augmenter la part modale du vélo. Les financements prévus ne se limitaient pas à la construction (nécessaire) de nouveaux aménagements cyclables sécurisés en site propre, mais également au développement du « savoir rouler à vélo » ainsi qu’à la reconstruction d’une filière industrielle permettant de produire des vélos made in France.
Ce qu’a permis le Plan vélo
Les différents appels à projets lancés par l’État et ses opérateurs avaient ainsi permis d’aider les différentes collectivités à faire sortir de terre de nouveaux aménagements plus sécurisés, à résorber des discontinuités cyclables et des points noirs. Elles ont permis d’offrir des alternatives concrètes à l’automobile, de retranscrire les déclarations d’intention des différents schémas cyclables locaux.
Même insuffisant, l’argent de l’État et du Plan Vélo — tout comme l’expertise technique apportée par les services de l’ex-ministère de la Transition écologique et ses établissements comme le CEREMA2 — a été indispensable aux collectivités pour construire tous ces aménagements.
7e appel à projets perturbé
Une enveloppe de 125 millions d’euros avait été programmée pour le 7e appel à projets « Fonds Mobilités Actives », et 400 dossiers déposés. La dissolution de l’Assemblée nationale s’est produite au moment du choix des lauréats et de la répartition des enveloppes budgétaires entre les différentes régions.
L’été de flottement qui a suivi, sans gouvernement ni ligne de conduite, n’a pas permis d’avancer sur les arbitrages budgétaires. Et les agentEs du ministère en charge de l’instruction de l’appel à projets, en première ligne face aux éluEs, se sont retrouvés seulEs et en difficulté face à l’irritation de ces derniers.
En effet, si le cahier des charges de cet appel à projets prévoit l’annonce des lauréats pour mi-juillet 2024, il déclare inéligibles tous les projets dont les travaux débuteraient avant cette annonce. Sauf qu’avec l’inflation, les coûts initiaux de ces aménagements s’envolent au fur et à mesure, poussant les collectivités à vouloir malgré tout démarrer au plus vite sans certitude sur les financements ou alors renoncer.
Diminution de 33 % des crédits du Plan vélo
Le budget d’austérité concocté par Barnier, et soutenu par le RN, veut diminuer de 33 % les crédits de paiements du Plan vélo en 2024 et supprimer toutes les autorisations d’engagements pour 2025, c’est-à-dire couper les fonds à partir de l’an prochain. De nombreux projets vont donc être abandonnés.
L’objectif de 12 % de part modale du vélo en 2030 et de 15 % en 20503 ne pourra pas être atteint. Faute d’alternative, la population va être contrainte de prendre toujours plus sa voiture, avec les conséquences sociales, environnementales, sanitaires que nous connaissons.
Aoife Corsacaì
- 1. https://www.mediapart.fr…
- 2. Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement.
- 3. Tel que prévu par la Stratégie nationale bas carbone de 2015.