Publié le Mardi 1 juin 2021 à 14h23.

Plus de dix mille au mur des Fédérés

Ils n’ont rien vu entre République et Père-Lachaise le samedi 29 mai. Quelques entrefilets, aucun écho, ou si peu, dans les grands médias et sur les chaînes d’info. Il faut dire que sur la commémoration du cent cinquantenaire de la Commune, les dominants ont montré leur vrai visage. On ne pouvait de toute façon attendre mieux d’un Macron qui a pu dire « Versailles, c’est là où la république s’est retrouvée quand elle était menacée ». Ni des intellectuels de cour comme l’académicien Pierre Nora qui nous explique qu’il convient de commémorer Napoléon, mais pas la Commune.

La Mairie de Paris et les mairies d’arrondissement ont de leur côté joué le jeu, organisé des expositions et accordé des subventions pour l’organisation de certains évènements. Elles l’ont fait sur des bases politiques qui leur sont propres, et ne sont pas les nôtres, avec la célébration de la Commune comme un jalon parmi d’autres de la grande geste républicaine, mais elles l’ont fait quand même…

Le 29 mai, il s’agissait de bien autre chose. Pour ses initiatrices et initiateurs, cette journée entendait célébrer ce qui fut un grand moment révolutionnaire et reste un modèle vivant. Ce qui a donné lieu à une mobilisation étonnante. Le matin, nous avons occupé la place de la République pour un rassemblement joyeux et inventif, avec une quarantaine de stands associatifs, politiques et syndicaux, un camion plateau et une programmation musicale qui faisait se côtoyer un groupe de métal (La Commune), le collectif « La Commune en chantant », les ogres de Barback, Francesca Solleville et bien d’autres. Et un « off » bien fourni, avec par exemple le conte musical « Il faut venger Gervaise » sur le stand de Solidaires. Et l’après-midi, une « montée au mur » par un cortège coloré, vivant et internationaliste, animé par fanfares, chorales et batucadas. Combien étions-nous ? Dix mille, quinze mille peut-être, en tout cas beaucoup plus que ce que les traditionnelles montées au mur du dernier samedi de mai réunissaient depuis bien des années.

Cette journée avait été conçue comme le point d’orgue de la formidable saison communarde marquant le cent cinquantenaire. Pour avoir une idée du bouillonnement d’initiatives de ce printemps communard, vous pouvez consulter les sites des Amies et Amis de la Commune1, ou de Faisons vivre la Commune !2 , ou bien encore le site commun créé pour la circonstance par les organisations partenaires3. Vous y trouverez des informations sur les évènements programmés à Paris, Grenoble, Montreuil, Saint-Denis, Guéret, Lannion, Noisy-le-Sec, Montpellier, Liège, Bruxelles, et dans maintes autres villes. Aux manettes, les associations qui font vivre la mémoire de la Commune, bien sûr, quelques municipalités aussi, mais surtout quantité de groupes locaux, de collectifs féministes, d’interpros nées lors de la lutte contre la loi Travail ou la bataille des retraites.

Depuis quelques années, il ne fait pas de doute que la référence à la Commune s’est incrustée dans les luttes. C’est un patronage fréquemment revendiqué dans les cortèges syndicaux, mais aussi chez les Gilets jaunes et dans les ZAD. Cette actualité de la Commune a certainement guidé le choix des organisations qui ont travaillé à la réussite de ce 29 mai. Ce jour-là, la banderole unitaire de tête portait une seule mention : « 1871-2021, elle est vivante, vive la Commune ! ».

  • 1. https://www.commune1871.org/
  • 2. https://faisonsvivrelacommune.org/
  • 3. https://commune150ans.fr/