Valls sait où il va. Conformément aux injonctions du Medef, il accentue l’entreprise de destruction des services publics et du système social. Face à cela, plus que jamais, il faut affirmer que « nos vies valent plus que leurs profits ».
Manuel Valls a présenté le 16 avril le détail des 50 milliards d’euros d’économies à réaliser sur les dépenses publiques d’ici 2017. Les dépenses de l’État seront comprimées de 18 milliards. Le gel du point d’indice des fonctionnaires sera prolongé jusqu’en 2017. Les effectifs seront réduits. Si, après tergiversations, les 60 000 créations de postes dans l’Éducation nationale sont confirmées, elles seront plus que compensées par des coupes ailleurs. Dans tous les services, les effectifs seront passés à la moulinette, avec des conséquences inévitables pour les usagers, qui viendront s’ajouter à la dégradation des conditions de travail des personnels.
Les pauvres paieront aussi « Les minima sociaux seront préservés », déclare hypocritement le Premier ministre, mais les mesures (insuffisantes) prévues par le plan anti-pauvreté de Ayrault en décembre 2012 sont reportées : la hausse de 1,3 % du Revenu de solidarité active (RSA), intervenue au 1er janvier 2014, aurait dû être complétée par une augmentation de 2 % le 1er septembre 2014. Dans le cadre de ce plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté, il avait été en effet décidé une augmentation de 10 % d’ici à la fin du quinquennat. Cette hausse de 2 % par an est purement et simplement annulée ! « Les interventions de l’État seront également recentrées pour être plus efficaces. » Même si le gouvernement a démenti la suppression des aides au logement pour les étudiants non boursiers, il faudra encore attendre pour savoir qui d’autre sera visé par les coupes dans ces crédits. 11 milliards d’économies devront être faites par les collectivités locales. Les dotations de fonctionnement que l’État leur verse seront réduites, alors que ce même État leur a transféré ces dernières années des responsabilités importantes. Leur autonomie sera réduite. En particulier, ce que l’on appelle la « clause de compétence générale » (supprimée par Sarkozy et rétablie par Hollande) est à nouveau supprimée, ce qui remet en cause la possibilité de création d’un service public local, l’octroi de subventions ou d’aides matérielles, la réalisation de travaux, etc.
Aucun syndicat ne doit soutenir les mesures VallsLes prestations sociales devront subir un coup de rabot de 21 milliards. D’abord 10 milliards pour l’assurance maladie. On sait ce que cela impliquera : réduction du nombre d’hôpitaux et du nombre de lits, mise en commun des blocs opératoires dans les hôpitaux, réduction du personnel administratif et sanitaire. Mais il n’est pas prévu de s’attaquer aux profits des les laboratoires pharmaceutiques. Les autres dépenses sociales (retraites, allocations chômage, aides à la famille, etc.) devront diminuer de 11 milliards. Les prestations sociales n’augmenteront donc pas avant octobre 2015 : cela concerne 15 millions de retraitéEs (privé et public), 7 millions de foyers avec enfants et plus de 6 millions de bénéficiaires d’aides au logement... Les caisses de Sécurité sociale devront faire 1,2 milliard d’économies : les queues aux guichets et les délais de traitement des dossiers vont s’allonger, et les contrôles de toute sorte vont réduire les prestations aux plus démunis. Dans ces 11 milliards, 4 milliards concernent les retraites complémentaires (ARRCO et AGIRC) et l’assurance chômage. Dans ces régimes, le patronat et les confédérations CFDT, CFE-CGC et CFTC ont déjà accepté des « économies », notamment pour l’AGIRC-ARRCO où les pensions sont revalorisées moins que l’inflation. Valls en demande plus : la moindre des choses seraient que les syndicats qui participent à la gestion de ces régimes refusent de cautionner ces régressions supplémentaires, et que ceux qui sont décidés à les refuser jusqu’au bout commencent par mobiliser, notamment au moment des négociations !
Nos vies valent plus que leurs profits !Au total, le plan Valls-Hollande vise à faire financer par les salariéEs modestes – les fonctionnaires, les retraités et les chômeurs – les cadeaux de plus de 36 milliards d’euros (30 au titre du Pacte de responsabilité, auxquels s’ajoutent d’autres baisses d’impôt) en faveur des entreprises. Mais le projet va au-delà. Gattaz, patron du Medef affirme qu’il faut remettre en cause le Smic : Valls se récrie et se pose en défenseur du Smic. Mais nous ne goberons pas ce jeu de rôles : Gattaz a déjà désigné la prochaine étape. Le plan Valls n’est pas « un mauvais moment à passer », il n’est pas possible de l’amender à la marge comme prétendent le faire des députés PS ou écologistes. Ce gouvernement ne reculera que quand il aura plus peur d’une mobilisation populaire que des marchés financiers. À nous de la construire.
Henri Wilno et Robert Pelletier