Publié le Mercredi 11 décembre 2019 à 11h57.

Pour dégager Macron et sa réforme des retraites, construisons la grève générale

La mobilisation massive de jeudi 5 décembre a été le premier acte de la bataille engagée pour le retrait de la contre-réforme des retraites Macron-Delevoye. Delevoye, dont les dirigeants nationaux des syndicats louent la compétence et le souci du dialogue, mais dont on « découvre » qu’il était jusqu’à ce jour administrateur d’un organisme de formation de compagnies d’assurances. Assurances qui lorgnent sur le juteux marché des retraites individuelles privées visant à permettre à celles et ceux qui le pourront de compléter les retraites misérables que laisserait la réforme gouvernementale. 

Une mobilisation qui tient

Tout le week-end, les salariéEs de la SNCF et de la RATP ont poursuivi la grève. De nombreuses manifestations ont eu lieu samedi, marquant la convergence des combats des chômeurEs, des Gilets jaunes avec celui contre la destruction de notre système de retraites. Et ce malgré les tentatives policières de briser les rassemblements, les convergences. Lundi, la forte mobilisation des salariéEs des transports en commun a entraîné une vraie paralysie de l’activité économique, notamment en Île-de-France, et va se poursuivre dans les prochains jours.

Le 10 décembre, second rendez-vous national et interprofessionnel, ce sont de nouveau des centaines de milliers de personnes qui ont défilé aux quatre coins du pays. Des effectifs et des taux de grève globalement moindres que ceux, particulièrement élevés, du 5 décembre, mais une massivité et une détermination toujours bien présentes. Avec, fait notable, de nouveaux secteurs en mobilisation, de nombreuses assemblées générales, par secteurs ou interprofessionnelles et, à Paris, des cortèges dynamiques qui ont rejoint le point de départ de la manifestation situé à plusieurs kilomètres. 

Un gouvernement déstabilisé

Du côté du gouvernement, l’ampleur de la mobilisation a contraint à revoir la propagande et le calendrier. Présents sur toutes les chaînes de télévision, ministres, porte-parole, députés LREM et journalistes aux ordres ont multiplié les explications puisque, pour eux, les syndicalistes, les enseignantEs n’ont rien compris. Les promesses d’aménagements de la mise en place de la réforme se multiplient. Augmentation des rémunérations pour les unEs, clause du père, du grand-père et pourquoi pas du Père Noël pour les autres.

Et, pour tenter de casser la montée de la mobilisation, des annoncées précipitées, non sans un nouveau tour de discussions-négociations avec les dirigeantEs des syndicats. À l’heure où ces lignes sont écrites, les annonces d’Édouard Philippe n’ont pas encore eu lieu. Mais, avec sa morgue habituelle, le Premier ministre a déjà prévenu qu’il n’y aurait « pas d’annonces magiques ». Quelle surprise ! On n’en attendait pas moins d’un gouvernement qui, on le sait, malgré les effets de manche et les « aménagements » visant à diviser la mobilisation et le front syndical (au sein duquel certains tendent ostensiblement la main au pouvoir), n’a pas l’intention de modifier d’un pouce le fond de sa réforme : détruire le principe de la solidarité, individualiser les retraites, baisser les pensions, ouvrir grand la porte aux fonds de pension. 

Amplifier la mobilisation

L’obtention du retrait du projet gouvernemental passe par une amplification de la mobilisation. C’est-à-dire que nous devons être nombreux et nombreuses dans les rues dans les jours qui viennent, et que la grève doit s’étendre, dans les services publics mais aussi dans le secteur privé.

Plus nombreux seront les secteurs en grève chaque jour, plus le fonctionnement du système sera en difficulté et plus il sera possible de se tourner vers les secteurs non mobilisés pour les encourager. Dans de nombreuses villes, les rendez-vous interprofessionnels se multiplient pour agir ensemble, manifester, organiser des diffusions de tracts communes.

Les colères accumulées tout au long des dizaines d’années de régression sociale sont présentes dans tous les secteurs professionnels, chez les jeunes, les femmes, les habitantEs des quartiers populaires, les chômeurEs. Mais les divisions de tous ordres, les défaites, les rancœurs, les incompréhensions rendent encore difficile la convergence des révoltes. C’est pourquoi les temps forts nationaux, les rendez-vous locaux, par secteurs ou interprofessionnels doivent être l’occasion de débattre, de confronter colères et revendications. Et surtout de s’organiser pour fixer nous-mêmes notre calendrier, au-delà des tergiversations d’une partie des direction syndicales, mais surtout en réponse au calendrier du gouvernement.

Le niveau du rapport de forces à construire contre un gouvernement de menteurs, de tricheurs, mais qui dispose aussi de forces de répression dont il fait un usage avec une violence inédite, est celui d’une grève de masse, qui regroupe tous les secteurs du monde du travail.

Faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites, c’est remporter une victoire sur les politiques de régressions sociales au service du patronat, des possédants, et ouvrir la possibilité d’une contre-offensive des classes populaires pour construire une autre société. Tout est possible.