Depuis le vote de confiance, il y a trois semaines, de plus en plus de députés de la majorité ont menacé, ces derniers jours, de ne pas voter le plan d’économie de 50 milliards, ouvrant ainsi une crise sans précédent au Parti socialiste. Ambiance, ambiance... mais « l’essentiel » est sauf !
Ce mardi 29 avril, les députés se sont prononcés sur le grand plan d’économies, qui sera ensuite décliné dans plusieurs textes budgétaires d’ici l’automne. De nombreux députéEs de la majorité, et pas seulement de la dite « gauche du PS », ont, depuis l’annonce de ce plan, menacés sur tous les tons qu’ils risquaient de ne pas le voter, certains proposant même une alternative... un nouveau plan d’austérité réduit à 35 milliards d’euros, une réorientation de la politique européenne, plus de crédits pour les investissements et des mesures en faveur du pouvoir d’achat. En un mot, un plan présenté comme moins « douloureux » mais s’inscrivant totalement dans la politique libérale menée par le gouvernement.
Le bâtonCette « fronde » a donné quelques sueurs froides au gouvernement et à la direction du PS qui ont beaucoup fait ces derniers jours pour remettre au pas les députés. Dans un premier temps, c’est la méthode musclée qui a été choisie. Le ton est donné par Bruno Le Roux, le président du groupe PS, qui a prévenu qu’il n’y avait « pas de vote sans conséquence », en indiquant que « si on n’accompagne pas le gouvernement, celui qui fait ça doit se poser la question d’appartenir à la majorité, au groupe, et au Parti socialiste ». Il a vite été rejoint par Michel Sapin ou encore par le nouveau secrétaire du PS, Cambadélis, pour qui « il faut savoir terminer une fronde ». On appréciera les références. Et dans le même temps que les menaces à peine voilées, les SMS et autres coups de fils, il y a eu aussi de nombreuses réunions pour tenter la « réconciliation ».
La carotteJusqu’à la veille du vote, Valls lui-même a travaillé à stopper la « fronde » en mettant en scène les « nouvelles relations » entre les députés de la majorité et l’exécutif. C’est dans ce sens qu’il a rencontré une nouvelle fois une délégation des députés frondeurs pour leur faire connaître ses « propositions » et qu’il a envoyé une lettre de 4 pages à l’ensemble des députés PS. Il a ainsi annoncé des mesurettes : pas de gel des petites retraites, le soutien au pouvoir d’achat pour les plus modestes, lutte contre la fraude fiscale… Et bien entendu il ne revient en aucun cas sur son plan d’austérité de 50 milliards d’euros et sur les cadeaux fiscaux aux entreprises !
Qui sont les ânes ?Pour la majorité des frondeurs, ce qui compte, c’est que Valls ait écouté la pression parlementaire... Et rapidement, certains « frondeurs » rassurés ont affirmé que Valls avait entendu « le message de justice sociale » et sont rentrés dans le rang, annonçant leur intention de finalement voter le « programme de stabilité ». C’est le cas de la députée Karine Berger qui explique qu’« il y a une évolution substantielle sur 1,5 à 2 milliards d’euros. C’est un premier pas. On a eu raison de se mobiliser, et on restera attentif pour la suite. » D’autres restent sur leur abstention : Laurent Baumel salue des « avancées » qui ne vont pas assez loin, et Christian Paul, initiateur du « groupe des 100 », indique « qu’il ne s’agit pas d’un vote de défiance, mais d’un vote d’alerte ». Impressionnant... Bref, la majorité est sauvée.
Sandra Demarcq