Après l’éviction rapide de Montebourg et Hamon, car « la ligne jaune a été franchie » dixit Valls, et le départ de Filipetti, la politique libérale du gouvernement est franchement assumée et ouvre une crise dans les partis de la gauche institutionnelle.
Comme chaque fin d’été, ces partis se sont retrouvés dans leurs universités respectives. Mais cette année, les divergences entre sensibilités ou courants se sont exprimées plus fortement, à la hauteur de la crise qui traverse les instituions et le gouvernement.
Les beaux discoursSamedi 30 août, l’accueil du Premier ministre par ses propres camarades fut beaucoup moins chaleureux à La Rochelle que celui qui lui avait été réservé par les patrons à l’université du Medef quelques jours auparavant. Hué par les « frondeurs » et une partie de l’auditoire, une première dans l’histoire des universités d’été socialistes, il a tenu un discours habile qui évitait les sujets qui fâchent trop. Mais l’éloquence et les coups de menton autoritaires ne suffiront pas à cacher la réalité : la politique menée par Hollande et Valls, désavouée massivement dans l’opinion publique, l’est aujourd’hui par une partie des cadres et militants du Parti socialiste qui n’affichent plus leur solidarité avec ce gouvernement. Et les « frondeurs » ont lancé un appel « Vive la gauche » pour tenter de fédérer les contestataires. « C’est une réunion pour défendre le PS d’une tentative de putsch libéral » dit Gérard Filoche, à propos de la réunion largement médiatisée organisée par les « frondeurs » à La Rochelle... et à laquelle a participé Christiane Taubira, pourtant toujours ministre ! Chacun sa cohérence...
Être ou ne pas être au gouvernementAprès le départ du gouvernement de Cécile Duflot et la récente sortie de son livre brûlot, Jean-Vincent Placé, son « ami » sénateur, ne cache pas son désaveu : « on est dans une période où tout le monde doit avoir les mains dans le cambouis ». En effet, la sortie du gouvernement des deux ministres d’EÉLV ouvre une crise à l’intérieur de EÉLV. Certes, l’ancienne ministre parle fort et dénonce aujourd’hui, mais pourquoi aussi tardivement ? L’abandon complet par François Hollande de toutes ses promesses d’un programme vaguement social démocrate quelques semaines après son élection, sa politique constante d’austérité et ses multiples reniements en matière d’écologie n’étaient-ils pas suffisants ? Pourtant durant deux ans, les députés EÉLV ont voté majoritairement tous les textes clefs. Et, pour sa part, Placé envisage déjà « une candidature unique avec un projet commun pour 2017 ». Le PS est-il au bord de l’implosion ? Des députés socialistes et écologistes iront-ils jusqu’à refuser la confiance au gouvernement Valls dans quelques semaines ? Rien n’est moins sûr !Nous devons tout faire pour nous rassembler, avec toutes celles et ceux qui s’opposent à ce gouvernement, afin de faire entendre nos voix dans la rue, à commencer contre le budget.
Roseline Vachetta