L’Université d’été du PS a été l’occasion de discours combatifs. Encore faudrait-il qu’ils se traduisent dans les faits.« Surenchère anti-Sarkozy du PS », « Martine Aubry première opposante » et même « PS-UMP : l’affrontement » : les médias du week-end n’ont pas lésiné pour décrire le « grand retour » du PS à l’occasion de son Université d’été. Celle-ci se voulait la vitrine d’un parti rassemblé, combatif et tout entier tourné vers la victoire... à l’élection présidentielle de 2012. Dans ce domaine, Martine Aubry et le Parti socialiste ont effectivement réussi à occulter, au moins momentanément, la concurrence acharnée à laquelle se livrent ses dirigeants les plus en vue. Et, certes, tous les orateurs, y compris la première secrétaire, ont prononcé des réquisitoires contre tel ou tel aspect de la politique de Sarkozy et son gouvernement. Mais, avant de créditer le PS et sa direction d’un « tournant à gauche », il convient d’y regarder de plus près et de confronter les déclarations et les actes. Le PS se prononce aujourd’hui contre le projet Woerth et pour le maintien à 60 ans de l’âge légal du départ à la retraite. Mais l’on se souvient que lorsque le débat public a démarré, Martine Aubry avait évoqué un report à 61 ou 62 ans. C’est l’ampleur des réactions populaires contre tout allongement qui a conduit le PS à « rectifier » sa position. Encore faut-il ajouter que nombre de dirigeants socialistes partagent toujours le credo – commun avec le gouvernement – selon lequel « avec l’allongement de l’espérance de vie, il faudra bien travailler plus longtemps ». Et, surtout, le PS n’entend pas revenir sur l’allongement à 41 ans des annuités nécessaires pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Ce qui relativise beaucoup la défense de la retraite à 60 ans… Notons enfin qu’en règle générale, le PS n’est pas partie prenante des activités unitaires de mobilisation sur ce thème. Bien sûr, avec les rebondissements quasi quotidiens de l’affaire Woerth – Bettencourt, certains dirigeants du PS n’ont pas manqué de fustiger la droite et ses scandales politico-financiers. Mais, à part quelques exceptions – dont Aubry ne fait pas partie – on ne peut pas dire qu’ils se soient distingués par leur pugnacité sur le sujet. Et puis, surtout, il y a l’arrangement passé entre la Mairie de Paris et Jacques Chirac : moyennant remboursement par l’UMP du financement des emplois fictifs, Bertrand Delanoë vide le procès de l’ancien président de la République de tout enjeu réel et contribue ainsi à banaliser la corruption au plus haut niveau. Côté cour, on critique Woerth ; côté jardin, on passe l’éponge ! On avait peu entendu Aubry sur les délires sécuritaires gouvernementaux et sur la campagne anti-Roms. À La Rochelle, elle a interpellé Sarkozy, lui rappelant que les Roms sont des êtres humains et doivent être traités comme tels. On a connu des dénonciations plus radicales ! Et, sur ce sujet aussi, il faut noter que le PS n’est pas en première ligne des mobilisations unitaires. Alors même que la xénophobie d’État soulève indignation et malaise, y compris à droite. Mais surtout, même si Aubry est restée évasive dans l’attente de l’élaboration à venir des propositions du PS, on ne peut qu’être inquiets lorsqu’elle affirme que, sur le thème de la sécurité, « la crédibilité est désormais du côté des socialistes » ! François Coustal
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