Après le show des primaires, que certains commentateurs avaient un peu rapidement érigé en modèle démocratique, c’est désormais un peu la gueule de bois à l’occasion du congrès du PS.Officiellement tout est normal : cinq motions en concurrence, dont certaines peuvent même paraître de gauche. C’est le cas notamment de la motion « Oser, plus loin, plus vite » dont le premier signataire est Stéphane Hessel, et surtout « Maintenant la gauche », motion qui regroupe les anciens amis de Benoît Hamon, en particulier Jérôme Guedj, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche… ou Paul Quilès (le « monsieur propre » de la France au Rwanda).Un vote des militants est naturellement prévu, le 11 octobre prochain, avant que ne démarre le congrès à Toulouse du 26 au 28 octobre.Là où le bât blesse, c’est que les résultats sont déjà connus avant que les votes n’aient eu lieu ! Une nouvelle innovation de la social-démocratie qui décidément porte bien mal son nom et qui a forcément un peu choqué.Détail important : cela ne concerne pas que la nomination du futur secrétaire général Harlem Désir – « la victoire d’un apparatchik pur jus » pour reprendre le titre d’un article du Monde – tandis qu’un lot de consolation semble être offert au perdant Jean-Christophe Cambadélis à qui on aurait promis (mais faut-il croire aux promesses de ses amis politiciens ?) une vice-présidence du Parti socialiste européen, et peut-être même plus tard une présidence…Cela concerne aussi l’ensemble du système de direction : d’abord l’ensemble des (futurs) secrétaires nationaux qui ont été nommés dès juillet, puis toutes les autres instances. C’est ainsi que, jusqu’au dernier moment, les tractations sont allés bon train pour échanger une place au bureau national contre deux places au conseil national, avant que les votes ne départagent officiellement les divers courants… plus tard.Un vaudeville qui reflète en même temps un réel problème politique. La «gauche» du PS incarnée par Benoît Hamon, qui avait fait un score plutôt honorable au congrès de Reims, est désormais phagocytée par le courant majoritaire contre des places sonnantes (et si possible pas trop trébuchantes) dans la direction du parti et au gouvernement. Mais quelques-uns ruent dans les brancards. Le TSCG a du mal à passer et d’une manière générale l’ensemble des attaques annoncées peuvent indisposer, sans parler du cynisme et de la brutalité d’un Valls qui peut quand même choquer certains électeurs de gauche. Les municipales ne sont pas si loin, et les retours de bâton ne sont pas exclus…Bref, au-delà des petits calculs, il n’est pas toujours facile d’arriver au pouvoir quand on prétend être un parti de gauche, surtout dans la période actuelle. Aussi, pour prévenir les critiques, et éviter trop d’emballement, surtout si la rue devait s’en mêler et pas uniquement les électeurs déçus, un parti bien ficelé est toujours utile, ce qu’on appelle parfois un « parti godillot ».Voilà qui est fait, du moins sur le papier.
Jean-François Cabral