Avant le prochain vote « à risque » en juin sur le collectif budgétaire, qui mettra en actes le plan des 50 milliards d’économies, Valls sort l’artillerie lourde pour « amadouer » les « frondeurs » : une cure d’intense câlinothérapie et de dialogue, agrémentée de quelques carottes fiscales...
Depuis le vote du Pacte de responsabilité où 41 députés socialistes s’étaient abstenus et 3 avaient voté contre, Valls n’a eu de cesse de renouer le dialogue avec les frondeurs. « Il veut être dans un rapport fusionnel avec la majorité. Cette relation, il faut la rebâtir », promet-on à Matignon, laissant ainsi entendre que les députés de la majorité auraient été abandonnés par son prédécesseur… Le mot d’ordre est donc désormais de « multiplier les espaces de rencontre ». C’est ainsi que le 13 mai dernier, Valls a mis les bouchées doubles en s’invitant avec la quasi-totalité du gouvernement à la réunion du groupe socialiste de l’Assemblée nationale. Lors de cette réunion, il a plaidé pour un « dialogue permanent, constructif et franc » avec les députés et a présenté son dispositif permettant de mieux associer les députés à l’élaboration des textes de loi avant leur adoption en conseil des ministres et pour informer plus rapidement des décisions de l’exécutif. À la demande insistante des députés de l’aile gauche du PS, Valls a aussi accepté une mission parlementaire d’évaluation sur le crédit d’impôt emploi compétitivité (CICE).
Retenez-moi où je fais un malheur...Suite à cette réunion, certains « frondeurs » étaient satisfaits que Valls prenne en compte l’une de leur « revendications ». D’autres restent sur leur faim comme Jean-Marc Germain, un des initiateurs pour un nouveau « contrat de majorité » qui pense que « sur la méthode, c’est le fonctionnement dont on rêverait. Mais sur le fond, on n’a pas eu de débat sur la réorientation de la politique économique »... Pour essayer de convaincre les derniers récalcitrants et pour être certain que les voix ne manqueront pas pour le vote du collectif budgétaire ni pour celui de la loi rectificative du budget de la Sécurité sociale, Valls a annoncé de nouvelles mesures fiscales représentant une « baisse d’impôt de un milliard d’euros » qui serait financé « en grande partie » grâce à « la lutte contre la fraude fiscale ». A priori, le coup a marché puisque suite à ces annonces, la majorité des « frondeurs » a salué positivement cette décision, reconnaissant que « leurs efforts avaient payé »… Au vu des 50 milliards d’économies toujours maintenus, ces « frondeurs » se satisfont visiblement de pas grand-chose ! Mais la crise du parti majoritaire n’est pas terminée, loin de là. À quelques jours d’un scrutin électoral qui s’annonce désastreux pour le PS, un nouveau club a vu le jour, celui des « socialistes affligés », à l’initiative du député européen et économiste Liêm Hoang Ngoc et de Philippe Marlière. L’objectif de ce club est de « regrouper les citoyens actifs, intellectuels, militants associatifs, politiques et syndicaux qui veulent aider la gauche » et œuvrer à la « recomposition de la gauche qui pourrait s’opérer au sein d’une nébuleuse rose-vert-rouge », réunissant une partie du PS, Europe écologie les Verts et le Front de gauche. En voilà qui préparent déjà les lendemains. Mais seront-ils beaux ? Qu’il nous soit permis d’en douter...
Sandra Demarcq