Publié le Mardi 18 octobre 2022 à 18h34.

« Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés »

Depuis début septembre, les conflits du travail s’intensifient. Les raffineurs leur ont donné un écho massif avec une grève devenue d’ores et déjà historique et inspirant d’autres secteurs. La journée de grève et de mobilisation du 18 octobre, à laquelle ont notamment répondu les secteurs du transport, de l’éducation nationale, de la santé et du nucléaire, a constitué une étape importante dans l’élargissement du mouvement.

Ces mouvements de grève, et notamment celui des raffineries, ont été l’occasion de rappeler cette vérité que les politiciens et les commentateurs bourgeois veulent (faire) oublier entre deux mobilisations : lorsque les travailleurEs, a fortiori celles et ceux qui exercent des métiers indispensables, se mettent en grève, cela se voit et cela a des conséquences sur la vie quotidienne de millions de gens. Et l’on ne manquera pas de remarquer que celles et ceux qui sont conspués lorsqu’ils et elles se mettent en grève sont les mêmes qui étaient célébrés comme travailleurEs de première (ou de seconde) ligne au plus fort de la pandémie de Covid-19.

Nous ne ferons pas ici la liste de tous ces métiers qui permettent à la société de fonctionner et qui, lorsque les salariéEs les exerçant arrêtent le travail, n’en apparaissent que d’autant plus indispensables. On pourra en revanche citer ce que faisait remarquer notre camarade Philippe Poutou sur BFM-TV le week-end dernier : « Si les actionnaires ou les éditorialistes de BFM faisaient grève, cela ne gênerait personne ». Silence sur le plateau, grimaces des permanents des émissions de télévision renvoyés à leur inutilité.

C’est parce qu’ils et elles ont ce pouvoir de faire fonctionner la société que les grévistes inquiètent la macronie, qui a dégainé l’arme des réquisitions, et qu’ils et elles occupent le devant de la scène. À travers le blocage de l’économie, les travailleurEs reprennent confiance en leurs forces et se battent au coude-à-coude pour arracher au patronat une partie de la richesse dont ils et elles ont été privéEs. Personne n’a cru aux solutions miracles qui prétendaient épargner aux travailleurEs des journées de grève et des kilomètres de manifestation. Hier comme aujourd’hui, l’émancipation des travailleurEs sera l’œuvre des travailleurEs eux-mêmes et elles-mêmes, et cela passera par des grèves, des blocages, des occupations et des mobilisations massives.