Éditions Libertalia, 2024, 108 pages, 10 euros.
Cent ans après la victoire des Penn Sardin1 Tiphaine Guéret se penche très opportunément sur la réalité actuelle des sardinières, « les héritières des Penn Sardin de Douarnenez » comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage.
Ainsi, non seulement l’autrice nous permet d’apprendre qu’il y a encore, cent ans après, des usines de conserverie de sardines à Douarnenez, mais qu’en plus leurs ouvrières se sont mises en grève au mois de mars 2024 !
En une centaine de pages, Tiphaine Guéret, journaliste indépendante, fait le point sur la structure de l’entreprise Chancerelle – la plus ancienne sardinerie du monde – qui maintient une usine à Douarnenez mais en a installé une au Maroc, qui d’entreprise familiale a muté en groupe capitaliste financier des plus modernes. Elle évoque les conditions nouvelles de l’exploitation au sein de l’usine de Douarnenez, la structure de l’emploi, qui repose aujourd’hui largement sur de la main-d’œuvre étrangère de femmes exilées, les conditions et les effets de la mécanisation.
Elle aborde aussi la construction de solidarités nouvelles, le renouveau syndical, qui prend en compte les femmes racisées et la difficulté de constituer du commun lorsque les ouvrières parlent plusieurs langues et appartiennent à des communautés différentes pas forcément ancrées sur Douarnenez.
Un petit ouvrage très utile, qui complète parfaitement les livres sur la mémoire des Penn Sardin, permettant de faire le lien avec l’actuelle condition ouvrière, et d’investir les actrices actuelles de la force de la lutte des classes, du patrimoine de leurs aînées, voire de leurs ancêtres ! Car c’est certain, le combat continue !
Vincent Gibelin
- 1. Voir https://lanticapitaliste.org/opinions/culture/une-belle-greve-de-femmes-danne-crignon