Publié le Jeudi 5 novembre 2015 à 23h06.

Régionales : «Ni-ni», «et-et», les petits jeux de la droite et du PS

Alors qu’un sondage pour les régionales donne le FN et la droite (LR-UDI-Modem) au coude-à-coude, à 28 % et 27 %, le PS, en déroute à 21 %, cherche désespérément à reprendre la main.

Il n’a rien trouvé de mieux que d’agiter la menace du FN en relançant l’idée d’un « front républicain ». Selon Valls, « Il est hors de question de laisser le FN gagner une région. Donc tout devra être fait pour l’empêcher ».

Le PS pris au piège

Cambadelis lui a emboîté le pas : « Je n’exclus rien », tout en précisant prudent : « on verra ça le soir du premier tour.[...] Aujourd’hui, on se bat pour sortir en tête au premier tour. On se bat parce que la droite veut défaire ce que l’ensemble de la gauche a fait dans les régions, et l’extrême droite veut défaire la République. On ne les met pas sur le même plan, mais c’est un combat, c’est notre “et-et” à nous, face au “ni-ni” de Nicolas Sarkozy ». Tout et son contraire donc, cela parce que personne au PS n’est prêt à se retirer en faveur de la droite pour la simple et bonne raison que cela signifie sacrifier les places et les postes !

La politique du front républicain se retournerait contre le PS qui sera le plus souvent en troisième position, en particulier là où le FN peut gagner, et devrait alors se retirer au profit des Républicains. Pour ces derniers, le « ni PS ni FN » reste la ligne, car ils n’ont aucune raison de venir aider le PS et le laisse donc se prendre les pieds dans le tapis du front républicain. Quant à de possibles fusions de listes, la question n’est pas évoquée, et seule une Bérézina des deux pourrait les y contraindre.

Hollande, Valls et Cambadélis se retrouvent piégés par leur propre politique et au final Valls « donne rendez-vous le soir du premier tour. Nous ferons l’addition des scores des listes de gauche, parce qu’elles vont devoir fusionner. Et à partir de là, on verra quelle est la stratégie. » Quelle stratégie... Du « et-et », on passe au « ou-ou » !

Les faire-valoir du FN

Marine Le Pen fait son beurre de ces faux débats dont elle est le centre : « cela fait des années que je vois l’UMP venir en soutien du PS. À toutes les législatives, ils ont appelé à voter PS ! C’est l’UMPS dans toute sa splendeur. »

Marion Maréchal Le Pen joue l’indignation devant « ce genre de propos, parce que j’estime que ce n’est pas au Premier ministre de la France d’estimer qui a le droit ou non d’accéder à ce type de mandat. [...] Manuel Valls devrait plutôt se concentrer à essayer de régler les problèmes qui font qu’aujourd’hui ils ne sont plus crédibles ». Elle n’oublie pas au passage de tendre la main à droite, où « il y a des personnalités dont je me sens plus proche. [...] Sans trahir un secret, des gens comme Henri Guaino, par exemple, correspondent plus à mon courant de pensée, Jacques Myard, M. Lellouche. [...] Ça ne me paraît pas insurmontable ».

En agitant le hochet du front républicain, Valls et ses amis servent une fois de plus de faire valoir au FN qui joue des confusions et contradictions au sein de son ennemi préféré, « l’UMPS ».

La seule force capable de barrer la route à l’extrême droite est le monde du travail, en se mobilisant pour mettre un coup d’arrêt à l’offensive du gouvernement et du patronat comme à la montée des idées réactionnaires et xénophobes.

Yvan Lemaitre