Publié le Mercredi 29 mars 2023 à 13h00.

Régression sociale, lois racistes, projets écocides: stopper ce pouvoir violent et illégitime

Vendredi 24 mars, le président Macron s’empressait d’annuler la visite de Charles III en France, en raison des grèves et notamment de celle des salariéEs du Mobilier national. Un indice, parmi bien d’autres, de la fragilité du pouvoir alors que la mobilisation pour défendre nos retraites se poursuit depuis plus de deux mois.

Après l’usage du 49.3, l’illégitimité et l’arrogance de Macron ont suscité tant de colère que, le jeudi 23 mars, ont défilé dans bien des villes les plus grosses manifestations depuis janvier. Depuis, il a envoyé son fidèle lieutenant Darmanin au-devant de la scène. Quand la légitimité manque, il reste à l’État la force… Et Darmanin l’a montrée au-delà de toute espérance !

Scènes de guerre à Sainte-Soline

La veille de la manifestation à Sainte-Soline le 25 mars, ce dernier prédisait des violences pour le lendemain. Devin le ministre de l’Intérieur ? Pyromane, plutôt. Dans les champs du Poitou, où des milliers de gendarmes défendaient un trou inutile et dangereux, se cristallisait le conflit qui oppose « la foule » au projet politique de Macron et de son gouvernement qui va donc jusqu’à protéger avec des armes de guerre les intérêts privés de l’agrobusiness contre celles et ceux qui défendent le bien commun, la répartition des richesses et la retraite par répartition.

Malgré le déluge de grenades, il n’a échappé à personne que, le même jour, des manifestations réussies en défense des sans-papiers et contre le projet Asile immigration « dite loi Darmanin-Dussopt » avaient lieu dans de nombreuses villes. Réussies et déterminées, à l’image de la nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle du 28 mars. Et cela en dépit des intimidations de Darmanin qui annonçait un dispositif de maintien de l’ordre « inédit » ! Quant à ses allégations mensongères à propos du matériel utilisé pour défendre ses bassines, elles sont destinées… à la frange de la société qui le soutient, sans doute les mêmes qui huent les musicienEs en lutte à l’Opéra de Lyon !

La fracture est totale

Pour la 10e journée de mobilisation, le 28 mars, la contestation reste à un niveau très élevé. Les jeunes, déterminéEs et joyeuxEs, prennent désormais une part grandissante dans les cortèges et viennent participer aux blocages. Et si les secteurs les plus en pointe dans la grève, comme les éboueurs de Paris, ont besoin de renfort, il ne fait aucun doute que la détermination reste grande : blocage de rocade à Rennes, péage gratuit sur le viaduc de Millau… et les manifestations sont toujours très nombreuses.

Si le retrait de la réforme des retraites reste l’objectif des manifestantEs qui ont expérimenté leurs forces d’organisation et de blocage, le mouvement social s’engage dans la voie d’une contestation plus globale. Comme au moment de la loi Travail ou lors des manifestations des Gilets jaunes, c’est l’ensemble de la politique du gouvernement qui est dénoncée. Une politique au service des riches, des puissants, des projets écocides et des ­discriminations envers les étrangerEs.

Médiation, RIP et mobilisation

Le mouvement entre dans une nouvelle phase, et Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, ne s’y est pas trompé. En proposant au gouvernement une « médiation pour trouver une voie de sortie », il entend rester dans les lignes habituelles de la contestation sociale et de la négociation. Las, ce gouvernement nous fait la guerre ! Et Olivier Véran, droit dans ses bottes, n’entend pas discuter autre chose que l’application de la loi. Tout juste concède-t-il qu’il est possible d’en discuter pendant son examen par le Conseil constitutionnel.

Une autre illusion serait de croire que le Conseil constitutionnel pourrait censurer la réforme… qui, au mieux, reviendrait dans quelques mois sous une autre forme ! Quant au référendum d’initiative partagée, il pourrait certes servir de tremplin pour une campagne, mais son issue offre peu de garantie… notamment face à ce gouvernement qui n’hésite pas à subvertir les procédures constitutionnelles à son profit.

Toujours plus de raisons de lutter

À n’en pas douter, nous avons dans les semaines qui viennent toujours plus de raisons de nous mobiliser : pour nos retraites, nos salaires, nos services publics de santé et d’éducation, contre les violences policières, pour les droits des étrangerEs et contre les projets écocides.

Et, nous aurons aussi à gagner à nos combats la majorité des travailleurEs qui soutiennent le mouvement social sans l’avoir à ce jour rejoint en pratique. Dans la perspective du 6 avril, date annoncée par l’intersyndicale, il va falloir continuer d’organiser et de développer la riposte, discuter dans les quartiers, les rues et les champs… afin d’arrêter ce gouvernement, de mettre en œuvre la vraie démocratie, celle de la rue, en posant la question de nous doter de structures et d’un pouvoir réellement au service du monde du travail et d’un projet écosocialiste !