Publié le Mercredi 3 février 2021 à 11h46.

Rennes : solidarité avec les inculpéEs du 8 décembre 2020 !

Le 8 décembre, après neuf mois de surveillance, et dans le cadre d’une opération « antiterroriste », le RAID interpellait neuf personnes à Toulouse, Cubjac (Dordogne), Vitry-sur-Seine, Plestin-les-Grèves (Côtes d’Armor) et Rennes. Des interventions spectaculaires et violentes, sous régime d’exception.

EmmenéEs à Paris, les interpelléEs ont subi quatre jours de garde à vue et d’interrogatoires par la DGSI dans des conditions qu’on peut qualifier de torture psychologique. À la suite de leur garde à vue et de leur audition par un juge des libertés, cinq personnes ont été incarcérées, deux placées sous contrôle judiciaire et deux libérées. Une enquête préliminaire sera initiée courant février et l’information judiciaire sera ouverte en avril.

L’invention de l’ennemi intérieur

D’après les éléments donnés par la presse, alors que rien en réalité ne permet de prouver un quelconque projet d’action violente, le chef d’inculpation principal serait « association de malfaiteurs terroriste criminelle » dont la cible totalement hypothétique aurait été les forces de l’ordre... Tout comme pour l’affaire Tarnac, qui s’est soldée par un fiasco judiciaire, difficile de ne pas y voir une opération politique du pouvoir visant à déstabiliser toute forme d’opposition conséquente. Comme le dit le comité de soutien rennais, l’affaire « tombe à pic » : en plein débat autour de la loi « sécurité globale », alors que l’État se propose de ficher plus massivement encore les militantEs politiques, et qu’il s’attaque aux organisations musulmanes, en pleine discussion de la loi sur le « séparatisme », sous couvert de la laïcité et d’un retour aux « valeurs républicaines ». Il travaille, par tous ces biais, à la création d’un ennemi intérieur et d’un imaginaire collectif de peurs et de suspicions propres à créer un climat de défiance générale, dans le but d’empêcher la construction d’une riposte collective qui soit à la hauteur.

Solidarité avec les inculpéEs

Aussi, soutenir nos camarades enferméEs n’est pas qu’une question de solidarité abstraite : cela découle directement de la prise de conscience que cet acharnement répressif est le symptôme d’un phénomène général qui voit l’État contraint de recourir à des procédés sécuritaires pour maintenir l’assise de l’ordre capitaliste. Pour nous, c’est aussi l’occasion de nous questionner sur l’anti-terrorisme, car beaucoup d’autres personnes sont enfermées sous ce régime spécial, et sur le système carcéral en général. Comme à Amiens et Toulouse, s’est monté à Rennes un comité de soutien, regroupant des proches de la camarade et d’autres militantEs politiques. « Ne nous laissons pas antiterroriser » : ce sont les mots du comité de soutien rennais aux inculpéEs du 8 décembre. Ne nous laissons pas berner par cette tentative de diviser notre camp social en désignant une « ultra gauche » qui serait violente et aurait des visées terroristes, contre une « autre gauche » avec qui on pourrait discuter. Comités de soutien, partout !